Pompe à vélo ou à chaleur : quels sont ces mécanismes qui expliquent la chaleur qui s'intensifie en France ?

La chaleur va encore s'intensifier dans les prochaines heures en France. Cet épisode, extrême pour cette époque de l'année, s'explique par deux phénomènes météo : l'effet pompe à vélo et l'effet pompe à chaleur.

Anomalie températures vendredi
Vendredi après-midi, la pompe à chaleur au large du Portugal va faire remonter de l'air encore plus chaud sur la moitié Sud du pays notamment.

Jusqu'à 27°C ce mardi après-midi sur la moitié Nord, 29°C demain, peut-être 30°C jeudi : la chaleur s'intensifie sur la France cette semaine, et atteint des niveaux proches des records pour cette période de l'année. Pour expliquer cette envolée des températures, deux phénomènes météo très particuliers entrent en jeu, et l'un va d'ailleurs prendre le relais de l'autre dès ce jeudi.

L'effet "pompe à vélo" au Nord

Pour caractériser ces températures très élevées, on parle actuellement d'un "épisode de chaleur", certes précoce mais pas si exceptionnel pour la saison pour le moment. Il a d'ailleurs déjà fait un peu plus chaud plus tôt dans la saison certaines années. C'est entre les côtes de la Manche, le Nord et l'Île-de-France que cet épisode sera le plus remarquable, avec un écart à la normale de +10°C.

Concrètement, cet épisode de chaleur précoce est caractérisé par des températures maximales qui franchissent le seuil de chaleur des 25°C sur la moitié Nord, tout en dépassant les normales de plus de 4°C pendant 3 à 5 jours (contrairement au pic de chaleur qui ne dure que 1 à 3 jours). En cette fin de semaine, les températures seront équivalentes à celles de fin mai ou début juin.

Vous l'avez sans doute remarqué dans nos prévisions, les températures sont depuis lundi parfois plus élevées sur la moitié Nord que sur la moitié Sud, et ce sera encore le cas ce mercredi. Ce réchauffement de la masse d'air plus important au Nord est lié à la position de l'anticyclone, plus proche et plus puissant sur la moitié Nord.

Il agit comme un couvercle, un couvercle de hautes pressions en altitude, qui provoque un effet de compression par-dessous. Cela réchauffe l'air sur place, comme le ferait une pompe à vélo, où l'air y est comprimé (essayez, vous ressentirez la chaleur sur votre main !). Comme l'anticyclone ne bouge pas, le réchauffement s'intensifie de jour en jour, d'un à deux degrés de plus.

La "pompe à chaleur", et quelques records ?

Dès jeudi, un autre phénomène va s'ajouter ou remplacer l'effet "pompe à vélo". Cette fois, l'effet "pompe à chaleur" va jouer à plein : une dépression, ou goutte froide, au large du Portugal, va orienter un flux de Sud sur la France (puisque le vent tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre autour d'une dépression). Résultat, une advection d'air chaud va remonter depuis le Sahara.

Jusqu'à samedi, la dépression va stationner près de la péninsule ibérique, tout en tournant sur elle-même et en nous envoyant de l'air chaud en continu, comme le ferait une pompe à chaleur, avec en prime quelques poussières de sable du Sahara. Les régions du Sud et notamment du Sud-Ouest seront cette fois privilégiées, les températures y devenant plus élevées qu'au Nord vendredi.

Les prochains jours seront à surveiller, localement des records de températures pourraient être battus (des records mensuels pour avril demain, et des records journaliers pour le début du mois de mai). En 2005, un épisode de chaleur comparable avait concerné l'ensemble du pays du 28 avril au 2 mai : le 1er mai, on atteignait 28,7°C à Paris, 29,8°C à Strasbourg, 30,3°C à Vichy et 31,2°C à Dax.

Pour autant, on ne parle pas encore à cette époque de l'année de "vague de chaleur" : pour cela, il faut que l'indicateur thermique national (moyenne des températures minimales et maximales dans 30 villes de France) dépasse 25,3°C pendant 3 jours consécutifs, ce qui est impossible en avril ou début mai.

Référence de l'article :

Météo-France. Météo : chaleur précoce, notamment au nord, avec un pic en fin de semaine.