Le déficit de pluie s'accentue sur le Nord de la France : faut-il pour autant craindre une sécheresse ?

La région Hauts-de-France est en train de vivre un début de printemps historiquement sec. Depuis février, le déficit de pluie se creuse : comment l'expliquer, après plusieurs mois très humides ? Faut-il vraiment craindre une sécheresse dans les prochaines semaines ?

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Les agriculteurs des Hauts-de-France s'inquiètent de la dureté et de la sécheresse des sols, prévoyant des pertes de rendement de 10 à 15% pour les céréales (photo réalisée par IA).

Le Nord-Pas-de-Calais est au régime sec, contredisant les nombreuses idées reçues véhiculées dans l'imaginaire collectif (qui a oublié la scène de la pluie dans "Bienvenue chez les Ch'tis" ?). Le mois d'avril, qui n'aura pas une goutte de pluie supplémentaire vu la tendance météo de la semaine, est le troisième mois consécutif déficitaire en précipitations. Faut-il craindre une sécheresse ?

Le trimestre le plus sec depuis 1959 !

Depuis février, le déficit de pluie est chronique dans le Nord et le Pas-de-Calais : sur ces deux départements, en moyenne régionale agrégée, ce trimestre février-mars-avril 2025, avec seulement 62 mm de précipitations, est le plus sec depuis le début de ces mesures en 1959. C'est moins que les ex-records historiques de 1993 (76 mm) ou même 1976 (77 mm), année de la terrible sécheresse.

Ainsi, à Maubeuge, alors qu'aucune pluie n'est attendue avant début mai, on ne recense que 58 mm de pluie sur 3 mois, ce qui est exceptionnel : seul le printemps 2011 avait fait pire sur 3 mois, avec 50 mm de pluie en mars-avril-mai. Les 10 à 15 mm de pluie tombés cette semaine n'ont pas compensé le début très sec de ce printemps 2025.

À l'échelle de toute la région Hauts-de-France (avec la Picardie), le déficit pluviométrique dépassera les 60% pour ce mois d'avril s'il ne pleut pas d'ici mercredi 30, ce qui est très probable. Un déficit qui suit celui de 39% du mois de février et celui de 81% du mois de mars, très peu arrosé, selon les données complètes de Météo-France.

Pour le moment, le printemps 2025 dans les Hauts-de-France se situe au deuxième rang des printemps les plus secs depuis 1959, juste derrière 2011, mais devant le très sec printemps 1976. Certes, nous ne sommes qu'aux deux-tiers du printemps météorologique, et il reste encore le mois de mai, le plus pluvieux de cette saison, et qui peut s'avérer parfois très orageux.

Les agriculteurs très inquiets !

Comment expliquer un tel manque d'eau ? Par la domination des hautes pressions, l'anticyclone scandinave descendant régulièrement ces derniers mois en mer du Nord pour apporter un temps sec et ensoleillé au Nord de la Seine. À Lille par exemple, les séries de 7 ou 8 jours sans pluie se sont succédées, 13 jours pour la dernière du 30 mars au 11 avril, et une nouvelle a débuté jeudi.

Pour beaucoup d'entre vous, il s'agit certainement d'un répit bien mérité après près d'un an et demi d'excédents de pluie depuis septembre 2023. D'ailleurs, les nappes phréatiques sont bien remplies et les cours d'eau sont à un niveau élevé. Ce n'est pas la sécheresse hydrologique qui pose actuellement problème, mais la sécheresse des sols (ou agricole), provoquée par la sécheresse météorologique.

Cette sécheresse a été d'ailleurs accentuée par le vent, qui assèche les sols, notamment la bise de Nord-Est qui a beaucoup soufflé sur le Nord du pays depuis février. Résultat, beaucoup d'agriculteurs s'inquiètent : dans les champs d'orge des Hauts-de-France, en pleine période de semis, la terre est sèche et ressemble à d'énormes cailloux qui ne s'effritent même plus.

S'il ne pleut pas d'ici 10 jours, certains estiment les pertes de rendement à 10 ou 15% pour les céréales, avec des plantes qui risquent de mourir. Dans les Hauts-de-France, on cultive du blé, de l'orge, du colza, des betteraves sucrières, des pommes de terre, des légumes divers et variés… Triste retournement de situation alors qu'il y a un an, certaines de ces terres étaient sous les eaux

Référence de l'article :

Le Parisien. "Il faut qu'il pleuve très vite sinon…" : la sécheresse inquiète les agriculteurs des Hauts-de-France.