Les Français veulent-ils une transition écologique plus rapide ou plus contraignante ?

Entre inquiétude climatique et peur du changement, les Français tracent une ligne de crête. Selon le sondage Ipsos-BVA pour le Réseau Action Climat, la volonté d’agir s’affirme… mais jusqu’à quel point la société est-elle prête à se contraindre ?

les Français plébiscitent une transition écologique accélérée, même plus contraignante, face à l’urgence climatique.
Les Français plébiscitent une transition écologique accélérée, même plus contraignante, face à l’urgence climatique.

Les résultats du sondage Ipsos-BVA pour le Réseau Action Climat, réalisé en octobre 2025, sont sans équivoque : 93 % des Français constatent une hausse des événements climatiques extrêmes, tels que les canicules, sécheresses, incendies ou inondations.

Un consensus sur la gravité du changement climatique

91 % des personnes interrogées attribuent cette intensification au changement climatique, avec une conviction particulièrement forte chez les femmes de moins de 35 ans (58 %) et les cadres supérieurs (63 %). Parmi eux, 57 % estiment que ces phénomènes augmentent « beaucoup », un chiffre qui témoigne d’une expérience directe du dérèglement climatique dans le quotidien.

L’inquiétude, elle, est désormais quasi unanime : 89 % des Français se disent inquiets, dont un tiers « très inquiets ». Autrement dit, la peur du climat extrême a quitté les cercles militants pour gagner l’ensemble du corps social, tous horizons politiques confondus.

Une action publique jugée trop timide

Dans ce contexte, le regard porté sur l’action gouvernementale est sévère. 68 % des Français estiment qu’Emmanuel Macron et ses gouvernements ne sont “pas allés assez loin” en matière d’écologie, contre seulement 16 % qui jugent la politique « à la bonne mesure ».

Cette critique traverse tous les bords politiques, y compris chez les sympathisants de la majorité présidentielle. Pourtant, les Français demeurent partagés sur la place à accorder à l’écologie parmi les priorités nationales : 56 % considèrent qu’elle doit être un axe prioritaire du prochain gouvernement, tandis que 44 % estiment que d’autres enjeux méritent plus d’attention.

Mais sur un point, le message est clair : deux Français sur trois (67 %) souhaitent que l’État accentue la planification écologique, même si cela implique un cadre “plus contraignant” et un coût pour les finances publiques. Ce soutien dépasse donc la seule revendication symbolique : il exprime un véritable appel à l’action structurée, ambitieuse et planifiée.

Des mesures écologiques massivement soutenues

L’étude met en lumière un fait marquant : les Français soutiennent très largement les politiques écologiques concrètes. Loin du prétendu « ras-le-bol vert », les mesures testées recueillent un assentiment massif.

78 % des personnes interrogées souhaitent limiter au maximum l’usage des pesticides, au nom de la santé et de la protection de l’environnement. De même, 59 % s’opposent à l’allégement de la réglementation sur les élevages industriels, considérant que la compétitivité ne doit pas se faire au détriment du vivant.

La transition énergétique séduit aussi largement : 75 % veulent davantage développer les énergies renouvelables, et 89 % plébiscitent les panneaux solaires sur les bâtiments et parkings existants. Le soutien dépasse les clivages partisans : de l’électorat écologiste au centre, la tendance est largement partagée.

Sur l’aménagement du territoire, le constat est identique : 87 % sont favorables au maintien de l’objectif « zéro artificialisation nette » d’ici 2050, pour préserver les sols et limiter l’étalement urbain. Et 79 % soutiennent que l’État aide financièrement les communes à s’adapter au changement climatique, via la végétalisation et la rénovation des bâtiments publics.

Fiscalité verte : justice et équité avant tout

Les Français ne refusent pas les contraintes, à condition qu’elles soient justes. Trois quarts (75 %) souhaitent que les aides publiques aux entreprises soient conditionnées à des engagements écologiques et sociaux.

Ils se montrent également favorables à une fiscalité plus verte : 72 % soutiennent une hausse des taxes sur le transport aérien pour financer des billets de train moins chers. 73 % approuvent la création d’une contribution spécifique pour les ménages les plus aisés et les plus polluants.

Quant aux aides énergétiques, 76 % des sondés demandent le maintien du dispositif MaPrimeRénov’, essentiel pour la rénovation performante des logements et la réduction des factures. Enfin, 72 % adhèrent au principe d’un tarif progressif de l’électricité, moins cher pour les besoins essentiels et plus élevé pour les gros consommateurs.

Une écologie de solution

En résumé, la France veut une écologie planifiée, ambitieuse, juste, une écologie de solutions, ancrée dans la vie réelle.

Les Français ne refusent pas la contrainte ; ils refusent l'inaction.

Loin de rejeter la transition, les citoyens appellent à la rendre plus cohérente, équitable et efficace. Ce message, chiffré et clair, ne saurait être ignoré par les décideurs.

Référence de l'article

Ipsos BVA & Réseau Action Climat. (2025, octobre). La perception par les Français des enjeux et des mesures écologiques [Rapport]. Réseau Action Climat.