Les fleurs coupées : un réel danger pour les fleuristes ! Quels sont les risques ?
Les fleurs coupées présentent un nombre important de pesticides et se révèlent dangereuses pour les professionnels de la filière, notamment les fleuristes, mais également pour leurs enfants, exposés indirectement aux produits. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) lance une enquête.

Les ministères du Travail et de l'Agriculture demandent à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) d’estimer « les risques de l'exposition aux pesticides et résidus de pesticides des travailleurs de la filière horticole des végétaux d'ornement et de leurs enfants ». Pour l’association Robin des Bois, qui fait partie du conseil d’administration de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, cette « expertise de grande ampleur devrait prendre environ deux ans » et un « rapport intermédiaire est attendu en septembre 2025 ».
L’association Robin des Bois dénonce un manque de contrôle sur les produits non alimentaire
En cause : les fleurs coupées et en pots. Cette expertise est notamment demandée après la révélation de la dangerosité de certains produits, mise en lumière par l’histoire tragique de Laure Marivain, une fleuriste nantaise exposée à différents herbicides au quotidien, pendant sa grossesse. Sa fille est décédée à l’âge de 11 ans, d’une leucémie liée à cette exposition in utero.
Des fleurs provenant massivement de l’étranger
Les contrôles sont moins importants hors Union Européenne. Problème : environ 85 % des fleurs coupées qui sont vendues sur le territoire français viennent de l’étranger, comme la Colombie et l’Afrique de l’Est. Et transitent le plus souvent via les Pays-Bas. Henri Bastos, directeur scientifique santé et travail à l'Anses, souligne ainsi l’existence d’« une partie non négligeable cultivée hors d'Europe. » La possibilité de l’usage de traitements de ces fleurs par des pesticides bannis dans l’Union Européenne est alors envisageable.
Il explique le processus. « Ces fleurs contiennent un certain nombre de résidus qui peuvent se déposer sur la peau des personnes qui les manipulent tout au long de la chaîne d'approvisionnement, depuis l'importation chez les grossistes, qui les manipulent pour ensuite les dispatcher dans les camions, jusqu'aux fleuristes eux-mêmes qui ensuite vont composer les bouquets ».

L’université de Liège (Belgique) s’est alors penchée sur la question. Khaoula Toumi, doctorante, a mené une enquête en 2018 et ce, pendant quatre ans. Elle a analysé des échantillons prélevés des fleurs les plus vendues en Belgique, à savoir les gerberas, les roses et les chrysanthèmes et une trentaine de fleuristes s’est prêtée à l’expérience. L’analyse s’est faite lors des grosses périodes d’activités. Le bilan est édifiant. On retrouve 107 résidus de pesticides sur les bouquets et 111 sur les gants utilisés par les professionnels de la filière. Les urines prélevées en présentent 70.
Henri Bastos affirme qu’un comité d’experts sera nommé au mois d’avril. « Nous allons regarder s'il y a des contaminations possibles par la peau, liées aux manipulations directes de ces fleurs, et par l'air respiré ». Il souligne que les résultats de l’étude devraient être attendus pour la fin de l’année 2026 ou le début de l’année 2027. L’objectif : sensibiliser face aux dangers des pesticides dans la filière, protéger les professionnels et pousser l’Union Européenne à contrôler davantage l’usage de ces produits.
Références de l'article :
Pesticides dans les fleurs coupées : une expertise sur les risques pour les fleuristes