Inondations catastrophiques en Libye : au moins 5 300 morts, 10 000 disparus et 30 000 déplacés

La dépression Daniel a généré des inondations d’une ampleur inédite dans le nord et l’est de Libye au cours du week-end dernier. Les dégâts sont considérables tandis que le bilan humain s’alourdit d’heure en heure, s’annonçant absolument effroyable.

Après avoir durement frappé la semaine dernière la Bulgarie, la Turquie et surtout la Grèce, la dépression Daniel a poursuivi sa route au cours du week-end, finissant par touché de plein fouet une partie de la Libye. Mais au cours de sa progression, la simple dépression est devenue un medicane dont son nom vient de la contraction de "Mediterranean" (Méditerranée) et de "hurricane" (ouragan). Ce genre de dépression se forme en Méditerranée quand la température de l’eau dépasse la barre des 25°C. Elle possède des caractéristiques équivalentes aux cyclones tropicaux et peut alors générer intempéries dantesques, comme lors du passage d’un ouragan ou d’un cyclone dans les zones tropicales mais à une échelle beaucoup plus petite.

Outre les fortes vagues et les vents violents qui ont accompagné Daniel en Libye, ce sont surtout les pluies qui ont été meurtrières. Dans la région de Derna, il est tombé jusqu’à 400 mm de précipitations en l’espace de 48 heures, ce qui correspond pour ce pays au climat semi-désertique à deux années de pluie ! Et lorsque ces pluies torrentielles se produisent sur des sols desséchés et rocailleux, cela provoque d’importants ruissellements et des inondations d’ampleur. Depuis le grand tremblement de terre qui avait secoué la ville d’al-Marj en 1963, il s’agit de la pire catastrophe naturelle qu’a connu la Cyrénaïque, cette province orientale de la Libye.

En plus de ces précipitations diluviennes, un fait aggravant a provoqué la mort de centaines voire de milliers de personnes supplémentaires : il s’agit de la rupture de deux barrages en amont de la ville de Derna. Dans la nuit de dimanche à lundi, ceux qui retiennent les eaux de l’oued qui traverse la ville ont tout simplement lâché sous la pression de l’eau. Des témoins ont indiqué à des médias libyens avoir entendu une "énorme explosion" avant que de puissants torrents n’atteignent la ville, emportant les ponts et des quartiers entiers avec leur habitants vers la Méditerranée.

Dès mardi, des corps ont commencé à être rejetés par la mer qui a viré de couleur, en devenant marron comme la boue. Le dernier bilan fait état d’au moins 5 300 morts tandis que 10 000 personnes seraient portées disparues selon les secouristes présents sur place. Par ailleurs, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué mercredi qu’au moins 30 000 personnes ont été déplacées dans la région de Derna. Aujourd’hui encore, les secours ont du mal à atteindre ce secteur le plus touché en raison des routes coupées, des éboulements de terrains et des inondations toujours en cours.

Dans le pays comme à l’étranger, l’entraide s’organise pour venir en aide aux victimes et aux déplacés. Des équipes de secouristes ont ainsi été envoyées par la Turquie, les Emirats arabes unis ou encore la Jordanie. L’Algérie et l’Egypte ont également envoyé de l’aide tandis que la France a annoncé le déploiement d’un hôpital de campagne pour venir en aide aux populations sinistrées.

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