Et si les fleurs des villes diffusaient un poison mortel pour les abeilles ? Une étude tire la sonnette d'alarme !

Alors que les villes hébergent de plus en plus de ruches, une étude révèle que la pollution des sols pourrait impacter la santé des abeilles : le pollen des fleurs poussant dans les zones urbaines serait capable de les contaminer !

Abeilles prétexte
Les fleurs sauvages peuvent absorber une quantité importante des métaux présents dans le sol des villes, et ainsi contaminer les abeilles via le pollen.

Et si les fleurs des villes étaient un véritable piège pour les abeilles, insectes pollinisateurs par excellence ? Une étude britannique publiée le 15 dans la revue Ecology and Evolution révèle en effet que certaines fleurs présentes en zone urbaine peuvent absorber une importante quantité de métaux lourds issus des sols, et ainsi littéralement empoisonner les abeilles via le pollen.

Des fleurs sauvages inaperçues mais dangereuses

Depuis plusieurs années, pour préserver la biodiversité, de nombreuses villes installent des ruches sur les toits de leurs immeubles, voire reconvertissent certaines friches industrielles en espaces d'apiculture. Les abeilles et autres insectes pollinisateurs découvrent donc un nouveau terrain de jeu, sans savoir qu'il est peut-être fatal !

Aux États-Unis, à Cleveland, ancienne ville industrielle de production de fer et d'acier, les scientifiques ont relevé des traces de plomb, jusqu'à 0,5 mg par litre, dans le nectar des plantes sauvages de la zone.

Cette étude nous apprend en effet que les fleurs sauvages présentes en ville, comme le trèfle blanc, le liseron ou la carotte sauvage, souvent inaperçues, peuvent absorber une impressionnante quantité de métaux lourds, des métaux issus des sols des villes, très pollués. Le problème, c'est que ces fleurs, via le pollen et le nectar, sont une des sources de nourriture préférées des abeilles !

De quelle pollution parle-t-on ? Notamment du chrome et de l'arsenic, métaux lourds issus des résidus des activités industrielles passées dans les villes. Via leurs racines, les plantes transmettent ces métaux lourds au pollen et au nectar, matière première du miel. En voulant les sauver, l'Homme, déjà responsable de leur déclin, pourrait donc donner un coup fatal aux abeilles !

Une responsable : la "bioaccumulation"

Dans leur étude, les scientifiques ont analysé le cas de Cleveland, aux États-Unis, où des usines de production de fer et d'acier étaient autrefois implantées. Dans le nectar des plantes sauvages qu'ils ont récoltées, des traces de toxines comme le plomb ont été relevées, jusqu'à 0,5 mg par litre, des taux toutefois jugés comme non alarmants.

Pourquoi évoque-t-on alors un risque pour les abeilles ? Parce que les insectes pollinisateurs ont une capacité à absorber et concentrer une substance chimique dans leur organisme, sans réussir à l'éliminer rapidement : il s'agit de la "bioaccumulation", ce qui les rend très vulnérables à toute contamination.

Quand elles butinent les fleurs sauvages quotidiennement, les abeilles augmentent la quantité de métaux lourds dans leur corps, jusqu'à ce que la dose devienne létale et les tue. En cas d'exposition prolongée, sans aller jusqu'à la mort, les abeilles peuvent voir leurs capacités de vol altérées, leur ponte retardée et leurs capacités de mémoire et d'apprentissage modifiées.

Il est donc crucial de protéger ces espèces, car 75% de la production mondiale de nourriture dépend des insectes pollinisateurs, selon Greenpeace. Il ne s'agit pas d'arrêter d'installer des ruches et de planter des fleurs sauvages en ville, mais plutôt de tester et détecter une potentielle contamination des sols aux métaux lourds avant toute plantation.

Références de l'article :

Geo. Avec leur pollen, les fleurs des villes transmettent aux abeilles un poison mortel.

S.B. Scott and M.M. Gardiner, Ecology and Evolution, 2025. Trace Metals in Nectar of Important Urban Pollinator Forage Plants : A Direct Exposure Risk to Pollinators and Nectar-Feeding Animals in Cities.