Élevage intensif : pourquoi la France n'est-elle pas en reste face à cette approche de l'élevage animal ?
Plus de 8 animaux sur 10 seraient issus des élevages intensifs en France, autrement dit élevés en cages ou entassés dans des bâtiments. C'est ce que dénonce l'association L214 dans un récent rapport. Selon les chiffres, la France est même le 2e pays d'Europe à abriter des élevages intensifs.

Poules pondeuses, cochons, truites, lapins, oubliez l'image de ces animaux qui évoluent en liberté. Plus de 8 animaux abattus sur 10 sont issus des élevages intensifs. Cela signifie qu'ils sont enfermés dans des cages, entassés dans des bâtiments, des enclos, des bassins, bien souvent conçus sans règles minimales de protection animale. C'est ce que dénonce L214 dans un récente enquête.
50% des animaux d’élevage détenus par 1% des exploitations
L’association a épluché les données des directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt et utilisé des drones pour survoler les exploitations. L'ampleur du phénomène est bien plus grave qu'attendu. Selon l’association, les 2 000 plus grandes exploitations du pays concentrent 130 millions d’animaux et 50 % des animaux d’élevage sont détenus par 1 % des exploitations.
Avec 3 075 exploitations industrielles, la France se place même en deuxième place des pays abritant le plus d’élevages intensifs en Europe. Tous les territoires français sont concernés, notamment la Bretagne dont 202 des plus grands élevages bretons détiennent plus de 31 millions d'animaux, pour la plupart les uns sur les autres, soumis à des mutilations, à une croissance accélérée et sans jamais voir la lumière du jour.
Un coût environnemental d'ampleur
Les mégafermes que dénonce l'enquête ne causent pas seulement de la souffrance animale. La pollution générée dans les sols et les sources d'eau est considérable. En 2021, un éleveur porcin situé à Morlaix en Bretagne avait été condamné à une amende pour avoir déversé entre 100 000 et 300 000 litres de lisier dans la rivière avoisinante, causant la mort de centaines de poissons.
1% des élevages détiennent à eux seuls 50% des animaux.
— L214 éthique & animaux (@L214) November 18, 2025
C'est simple: en France, il y a des élevages intensifs PARTOUT.
Découvrez notre enquête https://t.co/fWYLQa5Q5p https://t.co/oGdHPnhf7f
Pour Sébastien Arsac, directeur des enquêtes chez L214, qui répondait à Reporterre, même s'il n'existe pas de définition officielle de ce qu'est un élevage intensif, « nous considérons que ce sont des grandes exploitations dans lesquelles les animaux sont en situation de promiscuité et ne sortent pas à l’extérieur. » Les animaux sont le plus souvent confinés dans de grands hangars.
Depuis le vote de la loi Duplomb, « ces exploitations ont la bénédiction du gouvernement pour grossir », selon Sébastien Arsac. Les seuils à partir desquels les exploitations sont soumises à autorisation sont, par exemple, passés de 40 000 à 85 000 poulets de chair ou de 40 000 à 60 000 pour les poules pondeuses. L'association en appelle aux députés pour cibler principalement l'élevage industriel.
Références de l'article
L214, Élevage intensif : plus de 8 animaux sur 10 en France
Reporterre, Élevage intensif : le gigantisme existe aussi en France, montre L214