Égypte : les pêcheurs du Nil n'attrapent plus de poissons mais font une pêche insolite pour gagner leur vie !

Le poisson se raréfie dans le Nil au Caire, ça n'empêche pas les pêcheurs de gagner leur vie en attrapant autre chose... De quoi s'agit-il ?

Pêche Nil Égypte Pollution Plastique
Le plastique recyclé dans le Nil par les pêcheurs est ensuite transformé en bateaux de pêche.

Triste constat en Égypte... Les pêcheurs qui travaillent sur le Nil au Caire ne pêchent plus de poissons mais du... plastique ! Et ce, depuis plusieurs années déjà. Pourquoi ces hommes se tournent-ils vers la collecte de déchets plastiques plutôt que sur la pêche ? La réponse est triste mais simple : la collecte de plastique est beaucoup plus rentable pour eux.

Des poissons de plus en plus rares

Voilà à quoi ressemble l'évolution et comment l'homme doit s'adapter pour vivre sur une planète complètement empoisonnée. Depuis de nombreux années, les pêcheurs constatent une diminution constante des populations de poissons dans le Nil. À mesure que la rivière égyptienne se remplit de bouteilles, emballages et autres objets du quotidien en plastique, elle se vide de poisson...

C'est pour cette raison qu'Arafa Gaber a changé son type de prise en 2020. Au lieu de pêcher du poisson, il attrape du plastique : "Collecter du plastique dans le Nil nous rapporte plus que de pêcher des poissons". Pour vivre ou plutôt survivre avec sa famille, l'homme préfère prendre du plastique plus avantageux économiquement.

Même constat pour Mohamed Nassar qui collecte le plastique depuis 17 ans afin de subvenir aux besoins de sa famille de 5 personnes. L'égyptien de 58 ans pêche sur le Nil, près des rives de l'île de Qursaya, non loin du Caire. Le pêcheur a constaté que les poissons entraient dans les bouteilles en plastique et, incapables d'en ressortir, mouraient à l'intérieur...

Le plastique plus rentable que le poisson ?

Qui paie les déchets plastiques collectés ? L'ONG Very Nile a lancé ce projet. L'organisme "paie 11 livres [20 centimes d’euros, ndlr] le kilo de plastique. Ça permet de gagner plus qu’avec une journée de pêche de poissons", révèle Arafa Gaber. Peu à peu, avec la raréfaction des espèces de poissons, les pêcheurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers la collecte de poissons.

Il y a de moins en moins de poisson, mais je travaille à ramasser du plastique dans le Nil pour m’en sortir

Idem pour Nassar, qui collecte des bouteilles pour le compte d'un groupe environnemental local baptisé Free Nile. Avant, il gagnait 100 livres par jour pour une journée de pêche de 6h. Grâce à ces détritus en plastique, l'homme gagne désormais 200 livres de plus, une source de revenus supplémentaires qui rend le quotidien plus confortable pour lui et sa famille.

Grâce au travail d'une quarantaine de pêcheurs, l'organisme Free Nile est parvenu a collecté environ 18 tonnes de bouteilles en 2024. Une fois ramassées, ces dernières sont ensuite revendues à des recycleurs.

L'Égypte, le plus grand pollueur du monde arabe ?

Avec 5,4 millions de mètres cubes de déchets plastiques produits par an, l'Égypte est le plus grand pollueur du monde arabe, selon la Chambre de commerce américaine au Caire. Pour ce qui est des émissions de CO2, le pays qui pollue le plus est bien évidemment les Émirats arabes unis.

En plus de nettoyer le Nil, ces pêcheurs d'un autre genre participent au recyclage des bateaux. La majorité reste en bois mais de plus en plus de bateaux sont maintenant assemblés avec du plastique collecté dans le fleuve puis recyclé.

Sources : Courrier International/AfricaNew