Détruire la forêt tropicale, un pas vers la prolifération des virus transmis par les moustiques !

Selon des chercheurs allemands, les activités humaines dans certaines forêts tropicales pourraient nuire à la diversité des espèces de moustiques, et favoriser la circulation de virus, potentiellement dangereux pour nous. Séquence explications.

Moustique feuille
Les moustiques qui prennent le dessus sur les autres portent en eux des virus : le problème, c'est que quand une espèce devient plus nombreuse, les virus circulent davantage entre les individus de l'espèce.

Oui, il faut préserver la forêt tropicale ! C'est en quelque sorte le cri du cœur d'une équipe de chercheurs allemands qui vient de démontrer que détruire ce type de forêt humide peut bouleverser la diversité biologique des espèces de moustiques, et à terme faire proliférer des virus potentiellement dangereux pour les humains.

L'équilibre rompu dans l'écosystème...

Quand l'humain s'attaque à la biodiversité, par exemple en étendant des plantations de café, en urbanisant à outrance, et en abattant des arbres (la déforestation), l'équilibre entre les espèces de moustiques est rompu, et certains d'entre eux prennent le dessus sur les autres, avec des conséquences dramatiques pour le milieu et peut-être pour notre santé.

Pour arriver à cette conclusion, il faut comprendre que dans un écosystème, plusieurs espèces de moustiques coexistent. Si la forêt disparaît ou si son état est modifié, ce sont les insectes les plus résistants qui se mettent à proliférer, ceux qui portent en eux des virus : ces virus qu'ils transportent deviennent donc plus abondants également.

C'est à partir de moustiques capturés dans le parc national de Taï, en Côte d'Ivoire, puis soumis à des tests d'infection virale, que ces chercheurs ont bâti leur étude, publiée dans la revue eLife. Une région où coexistent des forêts vierges, mais aussi des plantations de cacao et de café ou des villages. Bilan : 49 espèces de virus répertoriées, chacune portée par un type de moustique !

Pas de transmission aux humains, mais...

La plus grande diversité de virus a donc été observée là où le milieu avait été peu perturbé par les activités humaines (mais diversité ne veut pas dire propagation). Par ailleurs, "certaines espèces de moustiques résistantes se sont multipliées avec succès dans les zones déboisées, apportant avec elles leurs virus".

Pour le moment, tous ces virus découverts par les chercheurs n'infectent que les moustiques, et surtout les plus résistants. A l'heure actuelle, ils ne peuvent pas se transmettre à l'Homme. Mais les choses pourraient changer avec d'éventuelles mutations, d'où la nécessité de les surveiller comme le lait sur le feu et d'arrêter la déforestation qui favorise leur propagation, et donc le risque de mutations.

C'est la première fois que la science montre que la propagation des virus n'est pas due à la génétique, mais seulement aux caractéristiques de leurs hôtes, ici les moustiques. En étudiant d'autres habitats que les forêts tropicales ainsi que d'autres moustiques, les scientifiques pourraient bientôt nous en apprendre davantage sur les caractéristiques que les virus doivent posséder pour essaimer.

À la une