Chauve-souris asphyxiées, lionceaux euthanasiés : pourquoi les zoos français abattent-ils des animaux en bonne santé ?

Chaque année, des milliers d'animaux sont tués dans les zoos français et européens. Encore tabou en France, cette pratique divise car elle n'est pas toujours perçue comme éthique par les organisations de défense des animaux. Alors quelles sont les raisons qui justifient de telles décisions ?

Des animaux en bonne santé, jugés encombrants ou non viables, abattus dans les zoos européens.
Des animaux en bonne santé, jugés encombrants ou non viables, abattus dans les zoos européens.

Décrite comme banale dans de nombreux zoos, cette pratique, aussi nommée culling ou abattage, consiste à mettre à mort des animaux en bonne santé, pour des question de gestion ou de manque de place. En 2014, Lesley Dickie, ancienne directrice de l’Association européenne des zoos et aquariums, estimait entre 3 000 et 5 000 morts chaque année dans les zoos européens, mais les chiffres précis restent difficiles à obtenir.

D'après une enquête publiée par Libération, ce geste reste particulièrement tabou en France. Le gérant d'un parc français y reconnait avoir euthanasié des lionceaux, sans gaité de cœur. Les associations de défense animale pointent un grave manquement dans la gestion des zoos qui justifient ces décisions pour des raisons d'organisation.

Pourquoi abattre des animaux en bonne santé ?

Pour les parcs animaliers, la pratique de l'abattage se justifie dès lors que les enclos sont devenus trop petits pour accueillir tous les animaux, avec des risques de surpopulation et d'agression entre les individus. Un autre risque est avancé : l'explosion de la consanguinité à force de reproduction entre les mêmes animaux.

Parfois, certains zoos reconnaissent aussi avoir recours au culling pour les animaux trop vieux pour se reproduire ou «inintéressants génétiquement C'est ce qui avait justifié, en 2014, l'abattage par balle du girafon Marius, alors en parfaite santé, au zoo de Copenhague, avant d'être autopsié en public. Une fois abattus, les animaux servent souvent de nourriture pour les autres résidents du zoo.

En France, plusieurs cas récents ont fait sortir cette pratique du tabou. En février dernier, au zoo de Lunaret, à Montpellier, près de 200 chauve-souris ont été asphyxiées car la mairie ne savait plus où les mettre. Selon un responsable du zoo, l'espèce en question, la chauves-souris de Seba originaire d’Amérique du Sud, ne pouvait être relâchée en France hexagonale par risque de pollution génétique et sanitaire pour les espèces locales.

Début septembre, un bébé panda roux a lui été euthanasié au parc de Clères en Seine-Maritime. Après des analyses vétérinaires approfondies, il s'est avéré que le panda roux souffrait d'une cécité incurable, le rendant non viable à l'état naturel.

« La décision a été prise avec le coordinateur EEP, le programme européen pour les espèces menacées. C'est lui qui suit l'espèce au niveau de tout le continent, a expliqué Paul-Franck Thérain, le directeur du parc, à France 3 Normandie. « C'est une décision lourde mais qui a été prise en accord avec notre politique de réintroduction des espèces en milieu naturel. »

Les associations réagissent

Pendant l'été, une pétition a été lancée par l’association Code animal pour interdire cette pratique, signée par plus de 33 000 personnes. Cette pratique « va à l’encontre des principes de respect de la vie animale et discrédite le rôle que les zoos prétendent jouer en matière de préservation des espèces ».

Références de l'article :

Libération, Lionceaux euthanasiés, babouins abattus : dans les zoos, le tabou des mises à mort d’animaux en bonne santé

Reporterre, Tigres, girafes... Les zoos euthanasient des animaux en bonne santé