Chaleur extrême en Asie du Sud-Est, les conséquences du retour d'El Niño ?

Le Sud-Est de l'Asie est en proie à une succession de périodes caniculaires et un temps particulièrement sec depuis le mois de mars avec une multitude de nouveaux records de chaleur. Cette chaleur pourrait-elle être due au retour d'El Niño ?

Chaleur Asie
Les périodes caniculaires extrêmes s'enchaînent depuis maintenant près de 2 mois sur le Sud-Est de l'Asie avec des températures encore jamais relevées jusqu'à aujourd'hui sur de nombreux secteurs

Le Sud-Est du continent asiatique est en proie à une chaleur exceptionnelle depuis maintenant plusieurs semaines. Les températures atteignent des niveaux encore jamais mesurés auparavant et ce sur de nombreux secteurs.

Une chaleur record depuis des semaines !

Si l'Asie du Sud-Est, région à dominante tropicale, observe des températures élevées tout au long de l'année, la période la plus chaude se déroule en général entre les mois de mars et mai. C'est en effet durant ces trois mois que les températures les plus élevées de l'année sont atteintes avec des valeurs pouvant dépasser régulièrement les 35 voire 40°C sur les secteurs les plus chauds.

Toutefois, cette année la chaleur se montre particulièrement intense sur cette région du globe, notamment depuis la fin du mois de mars et des centaines de records de chaleurs ont été relevés ces dernières semaines sur les différentes stations météorologiques de la région. Le 15 avril dernier la ville de Tak en Thaïlande relevait par exemple une température exceptionnelle de 45,4°C, un nouveau record national absolu de chaleur, battant les 44,6°C relevés à Mae Hong Son le 28 avril 2016 ! C'est donc la première fois qu'une température supérieure à 45°C est relevée sur le pays, un événement d'autant plus exceptionnel.

Si ce record est déjà marquant, il n'est toutefois pas isolé puisque de nombreux autres ont été battus ces dernières semaines. Le 7 mai dernier, deux autres records nationaux absolus de chaleur ont en effet été relevés sur l'Asie du Sud-Est. Le premier fut observé au Laos dans la ville de Luang Prabang avec une température maximale de 43,5°C, battant l'ancien record de 42,9°C établi le 19 avril... 2023. Le second fut relevé le même jour du côté du Vietnam avec une maximale de 44,2°C à Tương Dương, battant l'ancien record établi la veille à Hồi Xuân (maximale de 44,1°C).

Chaleur et sécheresse : de lourdes conséquences pour ces région

3 records nationaux de chaleur ont donc été battus ces dernières semaines, mais nombreuses sont les stations ayant observés des températures encore inédites jusque là. Également, si l'intensité de cette chaleur est déjà exceptionnelle, sa durée l'est tout autant. En effet, les températures dépassent très régulièrement les 35/40°C depuis maintenant près de 2 mois, ce qui est particulièrement éprouvant pour les organismes des habitants du secteur, peu habitués à un chaleur caniculaire aussi durable et intense.

Les autorités des pays concernés ont en effet conseillé à la population de rester en intérieur durant les heures les plus chaudes de la journée et de nombreux moyens sont mis en place pour aider les populations les plus pauvres à surmonter cette vague caniculaire sans fin.

Outre les risques sanitaires, cette chaleur a également des conséquences parfois désastreuses sur l'agriculture des pays concernés. Le riz, très cultivé dans cette région du monde, a en effet une température optimale de croissance autour de 31°C, température qui est largement dépassée depuis maintenant plusieurs semaines, ce qui entraîne des pertes parfois catastrophiques au niveau des cultures. De plus, ces températures exceptionnellement élevées sont accompagnées d'une sécheresse particulièrement marquée et certaines régions manquent déjà cruellement d'eau depuis le mois d'avril, obligeant par exemple la municipalité de Da Nang au Vietnam à demander des aides de l’État.

Une chaleur consécutive au retour d'El Niño ?

D'après les services de prévisions spécialisés, il est de plus en plus probable que le phénomène El Niño fasse son retour dans les prochains mois à l'échelle de la planète. Les conséquences de son retour sont d'ailleurs déjà visibles comme les graves inondations ayant touché le Pérou entre les mois de mars et avril ou un hiver exceptionnellement humide du côté de la Californie.

La mise en place d'El Niño a également des conséquences importantes sur le climat de l'Asie du Sud-Est. En effet, l'une des conséquences de ce phénomène est la mise en place de blocages anticycliques récurrents sur cette région du monde, entraînant donc un risque de périodes caniculaires durables mais également de sécheresses potentiellement catastrophiques, ce qui est le cas depuis maintenant près de deux mois.

Toutefois, cette chaleur souvent inédite sur cette région du monde peut également tout aussi bien être imputée au réchauffement climatique. L'Asie du Sud-Est est en effet l'une des régions du monde où la température moyenne augmente le plus rapidement depuis maintenant plusieurs dizaines d'années et les épisodes caniculaires exceptionnels se font de plus en plus récurrents. L'année dernière à la même période l'Inde et le Pakistan avaient eux-aussi subi une période caniculaire extrême durant près de 6 semaines avec des températures s'approchant des 50°C !

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