À Mayotte, où en est la reconstruction, 4 mois après le passage du cyclone Chido ? L'État a-t-il tenu ses promesses ?
Mayotte se relève à peine du passage du cyclone Chido, il y a 4 mois. Alors que le président Macron s'est rendu sur place, l'État a-t-il vraiment tenu ses promesses ? La reconstruction se fait attendre, certains chantiers étant à l'arrêt…

Après sa visite à Mayotte, 4 mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, le président Macron a annoncé un plan de "refondation" de l'archipel, doté de 3,2 milliards d'euros sur 6 ans, financé par la France, l'Europe et des bailleurs internationaux. Sur place, l'impatience monte, alors que la reconstruction est au point mort : l'État en fait-il assez ? Les Mahorais en doutent…
Des grands chantiers à l'arrêt
Après sa première venue il y a quatre mois, Emmanuel Macron avait promis de "rebâtir" Mayotte : depuis, à part les réseaux d'eau, d'électricité et de téléphone rétablis en urgence, de nombreux chantiers sont à l'arrêt, toujours en attente de matériaux, de financements et de coordination. De quoi rendre fou de rage les Mahorais, alors qu'une loi d'urgence avait déjà été adoptée en février dernier.
"Chido a cassé notre maison. Vous pouvez la réparer s'il vous plaît ?" : une petite fille s'adresse à Emmanuel Macron lors de sa visite de Mayotte. "On vit sous une bâche", précise la mère de la fillette, alors que la reconstruction tarde pic.twitter.com/xb3dNEENeQ
— La1ère.fr (@la1ere) April 21, 2025
Pour beaucoup de sinistrés, la reconstruction de leurs logements dévastés n'a ainsi toujours pas débuté, certains ne disposant que d'une aide minimale pour bâcher les toits et éviter les infiltrations d'eau. Le manque de matériel pour reconstruire oblige certains Mahorais à vivre en colocation, dans l'attente de retrouver leur logement.
Les professionnels du bâtiment montent aussi au créneau, en déplorant qu'"aucun grand chantier n'a démarré", par la voix d'Yves-Michel Daunar, directeur de l'Établissement public foncier et d'aménagement de Mayotte. Selon lui, "la mise en chantier traîne", tout comme "les financements". D'ailleurs, même les anciens chantiers en cours avant le cyclone n'ont pas repris, par manque de matériel.
La vie économique de l'archipel en souffre forcément, alors que 100% des entreprises ont été impactées par le cyclone : 30% craignent une prochaine défaillance. Plus de 75% des associations ont interrompu leurs actions, et un seul salarié sur deux est encore en activité depuis le passage de Chido, selon une étude de la Chambre régionale de l'économie sociale et solidaire
Des élus locaux en colère
Une telle situation en métropole aurait-elle été acceptable ? La réponse est évidemment non, et les élus locaux l'ont bien compris en laissant éclater leur colère. Le maire de Mamoudzou, la préfecture, assure n'avoir "toujours rien vu" des 100 millions d'euros de fonds d'amorçage promis.
#Mayotte se relève lentement de la dévastation provoquée par le cyclone Chido, 3 mois après son passage.#Chido a entraîné la mort d'une quarantaine de personnes et des dégâts qui se comptent en centaines de millions d'euros.
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) March 17, 2025
Retrouvez notre reportage #CEstEnfrance ️ pic.twitter.com/iyTP0K95Rr
Résultat, des montagnes de déchets s'accumulent, des décharges improvisées sa créent, alors que le système de traitement des déchets était déjà saturé. Sans compter les fils électriques toujours par terre et les toits à l'air libre… "Mayotte n'est plus par terre, mais on n'est toujours pas debout" a déploré la député LIOT de Mayotte, Estelle Youssoupha.
Plusieurs parlementaires demandent désormais la tenue d'une commission d'enquête sur la gestion de crise après le passage de Chido. La gauche, au Sénat, explique par exemple que "les Mahorais manquent de tout" et que "l'aide semble avoir du mal à arriver jusqu'aux familles".
Le gouvernement se défend évidemment, assurant ne "pas avoir abandonné Mayotte", par la voix du ministre des Outre-mer, Manuel Valls. Celui-ci a évoqué des premiers résultats visibles de la reconstruction à partir du mois de juin. Pendant ce temps, les Mahorais souffrent, et la métropole ferme les yeux…