Pourquoi près de 80% des 380 experts du GIEC se penchent sur un réchauffement de plus de 2,5°C d'ici la fin du siècle ?

Une enquête exclusive révèle que près de 80% des experts du GIEC qui ont répondu anticipent un réchauffement climatique dépassant largement les 1,5°C de l'Accord de Paris d'ici la fin du siècle. Les raisons et avertissements des scientifiques sont dévoilés dans cet article.

Les scientifiques du GIEC alertent sur une hausse des températures dépassant largement les objectifs de 1,5°C de l'Accord de Paris.
Les scientifiques du GIEC alertent sur une hausse des températures dépassant largement les objectifs de 1,5°C de l'Accord de Paris.

Une fois de plus, la communauté scientifique sonne l'alarme : sans changement de paradigme, la probabilité de vivre les impacts d'une hausse des températures dépassant largement les 1,5°C de l'Accord de Paris devient de plus en plus élevée.

Un avenir semi-dystopique en perspective

La majorité des 380 sur les 843 experts du GIEC ayant répondu à l'enquête du Guardian prévoient un dépassement des objectifs de température convenus au niveau international, avec des conséquences potentiellement dramatiques pour l'humanité et la planète.

Plus précisément, 77% des 380 experts, qui sont des auteurs principaux ou des réviseurs des rapports du GIEC depuis 2018, envisagent un avenir qualifié de "semi-dystopique", caractérisé par des famines, des conflits et des migrations massives, déclenchés par des phénomènes climatiques extrêmes tels que des vagues de chaleur, des incendies de forêt, des inondations et des tempêtes.

Ce n'est que le début : attachez vous ceintures. Jesse Keenan, Université Tulane aux États-Unis.

Ces scénarios catastrophiques pourraient devenir une réalité si les températures mondiales dépassent les 2,5°C au-dessus des niveaux préindustriels d'ici la fin du siècle. Près de la moitié anticipent au moins 3°C. Seulement 6% pensent que la limite internationalement convenue de 1,5°C sera atteinte.

La crise climatique actuelle cause déjà des dommages profonds aux vies et aux moyens de subsistance à travers le monde, avec seulement 1,2°C de réchauffement global en moyenne.

Des appels à l'action désespérés

Les experts du GIEC expriment un sentiment de désespoir face à l'échec des gouvernements à prendre des mesures significatives malgré les preuves scientifiques claires.

Ils mettent en garde contre les conséquences dévastatrices de l'inaction, qui pourraient entraîner des perturbations majeures de la société, une production alimentaire perturbée et des vies humaines en danger.

Les facteurs derrière l'inaction climatique

Les experts identifient un manque de volonté politique et les intérêts corporatistes, tels que l'industrie des combustibles fossiles, comme les principaux obstacles à la lutte contre la crise climatique. Ils soulignent également les inégalités et l'échec du monde riche à aider les populations les plus vulnérables, qui subissent les impacts les plus graves du changement climatique.

En effet, les politiques climatiques actuelles indiquent que le monde est en voie de connaître un réchauffement d'environ 2,7°C. Selon l'enquête, peu d'experts du GIEC anticipent que des mesures adéquates seront prises pour inverser cette tendance.

Les scientifiques plus jeunes sont plus pessimistes, avec 52% des moins de 50 ans, s'attendant à une augmentation d'au moins 3°C, contre 38% des plus de 50 ans. Les femmes scientifiques sont également plus préoccupées que les hommes, avec 49% d'entre elles pensant que la température mondiale augmenterait d'au moins 3°C, contre 38% des hommes. Les opinions des scientifiques ne varient guère selon les continents.

L'espoir malgré tout

Malgré le sombre tableau dressé par les experts, certains conservent un espoir fragile. Ils mettent en évidence que chaque fraction de degré évitée de réchauffement climatique peut réduire les souffrances humaines, et appellent à une action urgente pour atténuer les effets du changement climatique.

Les solutions existent, mais leur mise en œuvre rapide et efficace est cruciale pour préserver l'avenir de notre planète.

À la une