Obésité : 60 ans de certitudes sur le métabolisme des graisses remis en cause par une étude française
De nouveaux travaux des chercheurs de l'Université de Toulouse et de l'Inserm remettent en perspective des connaissances que l'on croyait acquises sur une enzyme clé du métabolisme des graisse. Cette découverte ouvre de nouvelles pistes pour prévenir les complications liées à l’obésité.

Depuis les années 1960, la lipase hormono-sensible (HSL) est connue et présentée comme l’enzyme clé qui libère l'énergie stockée dans nos graisses. Des chercheurs toulousains viennent pourtant de tout chambouler grâce à leur découverte publiée le 23 octobre dans la revue Cell Metabolism. On y apprend que l'enzyme n'est pas un simple "robinet" à énergie, elle joue aussi un rôle caché et déterminant au cœur même des cellules graisseuses.
Une enzyme qui gagne à être connue
Comme l'explique l'Inserm dans ses résultats de recherches, « Nos cellules graisseuses, appelées adipocytes, ne servent pas seulement à stocker des kilos en trop. Elles jouent un rôle clé dans la gestion de l’énergie de notre corps et accumulent des graisses sous forme de gouttelettes lipidiques que l’organisme peut utiliser en cas de besoin. Pour ce faire, il utilise la protéine HSL comme une sorte d’interrupteur. »
En l’absence de la protéine HSL, on pourrait supposer que le robinet à énergie est fermé et que les graisses vont inexorablement s’accumuler. Pourtant, de façon paradoxale, « on constate chez la souris et chez des patients atteints de mutations du gène codant HSL que cela ne conduit pas à une obésité avec un excès de graisse. C’est l’opposé qui se produit. » L’absence de cette protéine provoque une baisse de masse grasse, une condition pathologique nommée lipodystrophie.
Une découverte révolutionnaire
Dans les adipocytes, la protéine est connue pour être en surface de la gouttelette lipidique où elle joue son rôle d’enzyme découpant les graisses, mais l’étude révèle qu’elle est aussi dans le noyau des cellules graisseuses. « Dans le noyau des adipocytes, HSL est capable de s’associer avec de nombreuses autres protéines et de participer à un programme qui maintient une quantité optimale de tissu adipeux et des adipocytes en bonne santé », explique Jérémy Dufau, co-auteur de l’étude et qui a soutenu sa thèse sur ce sujet.
Des chercheurs de luniversité de Toulouse et de lInserm ont découvert un nouveau mécanisme lié à lenzyme appelée lipase hormono-sensible. Elle ouvre de nouvelles perspectives dans la compréhension de lobésité.#obésité https://t.co/kEnEkIKh0x
— Pourquoi Docteur (@Pourquoidocteur) October 27, 2025
L'étude arrive alors qu'un adulte sur deux en France est touché par le surpoids ou l'obésité, maladies qui concernent 2,5 milliards d'individus au niveau mondial. Cette découverte pourrait donc rebattre les cartes dans la lutte contre l'obésité à l'origine de nombreuses maladies dont le diabète et des maladies du coeur.
En ciblant la régulation nucléaire de HSL, il pourrait devenir possible de restaurer le fonctionnement normal des adipocytes, voire de prévenir certaines complications métaboliques, et in fine, améliorer la prévention et la prise en charge des patients.
Références de l'article :
L'Opinion Indépendante, Obésité : une découverte toulousaine remet en cause 60 ans de certitudes sur le métabolisme des graisses