Pianistes, allez-vous devenir des virtuoses grâce à cet exosquelette ?
Au Japon, des scientifiques ont créé un exosquelette capable d’aider les pianistes à faire disparaître l’effet plafond, qui consiste à faire stagner la progression des compétences. Grâce à ce robot, la rapidité et l’agilité des doigts entraînent une nette amélioration de la performance artistique.

Ne plus atteindre « l’effet plafond. » Bien connu des musiciens, il se révèle être la hantise première des artistes. Il s’agit du moment où le musicien constate une stagnation de ses progrès, et ce, malgré un entraînement toujours aussi intensif. Cette stagnation est due à un phénomène de stabilisation de l’apprentissage. En quelque sorte, le cerveau cesse d’apprendre, une fois ce stade atteint, malgré les répétitions à même intensité, voire plus intense encore.
L’effet plafond, ou comment notre cerveau arrête d’apprendre
Shinichi Furuya est un docteur en neurosciences au Japon. C’est aussi un excellent pianiste qui s’est heurté au fameux effet plafond. Pour contrer ce processus, lui et son équipe travaillent sur les performances en musique à Tokyo, aux Sony Computer Science Laboratories. Ils ont donc développé une toute nouvelle technologie : un exosquelette fabriqué spécifiquement pour les pianistes, souvent jouant à haut niveau, voulant dépasser ce plafond et améliorer leurs performances.
Améliorer ses performances grâce à la technologie
Ce robot en acier peut se comparer à une main de substitution. Il s’enfile à la main droite en y glissant ses doigts, comme dans un gant. Objectif : améliorer la rapidité et l’agilité des doigts. Le robot les fait bouger sans demander le moindre effort, en utilisant les articulations métacarpo-phalangiennes. Plusieurs tests ont été menés sur une centaine de pianistes de haut niveau. Grâce à l’exosquelette, ils ont pu jouer à des vitesses de plus en plus élevées, impossibles à atteindre de manière naturelle.
Une fois l’exosquelette retiré, les chercheurs ont observé une amélioration de la vitesse de jeu des pianistes. Mais le plus étonnant, c’est que cette vitesse augmentée était aussi présente pour la main gauche, alors que celle-ci n’avait pourtant pas d’exosquelette. Les scientifiques expliquent ce phénomène en évoquant un transfert de savoir entre les deux mains des artistes. Transfert qui passe, bien évidemment, par le cerveau.

Ils affirment que « même lorsque les capacités ont atteint un plafond après des semaines de pratique du piano, l'entraînement passif de la motricité rapide et complexe avec le robot a augmenté le rythme maximal de frappes répétitives sur le clavier. » Alors, grâce à cette technologie, peut-on espérer une empreinte neuronale ? Qu’en est-il de la plasticité du cerveau ? Pour les scientifiques, pas de doute : l’impact est réel, puisque les mouvements de la main portant l’exosquelette se sont adaptés. Il s’agit de « l’adaptation neuronale. »
Les scientifiques souhaitent désormais se pencher sur le phénomène de transfert de compétences et en savoir plus sur les raisons qui expliquent une telle adaptation de la main gauche, pourtant non entraînée. A terme, cette technologie pourrait s’intégrer à des domaines plus vastes, exigeant une extrême dextérité. Les chercheurs pensent à la chirurgie, à l’artisanat ou encore, au monde du gaming.
Références de l’article :
Au Japon, un exosquelette permet d'amplifier la dextérité des pianistes
Cet exosquelette de main permet aux pianistes de s'entraîner à jouer plus vite