Attention : tous les jeux cognitifs pour ralentir le déclin du cerveau ne se valent pas, selon une étude
S’adonner à des jeux cognitifs sur sa tablette ou son smartphone peut avoir d’excellentes répercussions sur le cerveau. Et améliorer sa mémoire et son attention aide à ralentir le déclin cognitif. Mais tous les jeux ne se valent pas, selon une étude.

Entraînement cognitif. Vous aimez jouer à Tetris, faire des mots croisés ou encore, vous lancer dans une partie de sudoku ? C’est un bon début. Ces jeux, souvent considérés comme des passe-temps, sont en réalité d’excellents exercices pour stimuler le cerveau et améliorer les capacités cognitives. En faisant cela, vous ralentissez le déclin cognitif, lié au vieillissement du cerveau. Une récente étude montre que ces jeux aident à renforcer l’attention et la mémoire.
Les participants ont retrouvé leur cerveau d’il y a dix ans
C’est à Montréal, au Canada, à l’Institut hôpital neurologique, que les travaux ont été menés. L’étude, publiée en octobre dernier, met en exergue les changements que les scientifiques ont perçus au niveau du cerveau, après ces exercices. Grâce à la participation de 92 volontaires, âgés de 65 ans et plus, les chercheurs ont pu faire leurs recherches. Le panel, âgé en moyenne de 72 ans, ont été priés de faire des exercices cognitifs tous les jours, pendant trente minutes et ce, pendant dix semaines.
Les experts ont étudié les cerveaux des participants avant et après cet entraînement
Le directeur de l’étude, le docteur Étienne de Villers-Sidani, explique le processus. L’équipe a porté son attention sur l’acétylcholine, un neurotransmetteur responsable de la connexion entre les neurones qui assurent la plasticité, la mémoire ou encore, l’attention. Le docteur affirme que ces neurones créent « des projections particulièrement puissantes depuis le noyau basal de Meynert vers certaines zones clés du cerveau, comme les hippocampes, où la mémoire se forme, et le cortex cingulaire antérieur, qui est un point central de coordination dans le maintien de l’attention. »
Voici ce qui se passe, en temps normal. « À mesure que l’on vieillit, ces vésicules d’acétylcholine se raréfient. Et quand les neurones dépérissent dans le cadre d’un trouble neurocognitif, on en voit de moins en moins aussi », résume le docteur. Mais après les exercices effectués pendant ces dix semaines, ces vésicules, au lieu de disparaître, ont augmenté d’environ 2,3 % dans les zones du cerveau ciblées par les experts. Alors que, normalement, la baisse est en général de 2,5 % en dix ans.

Pour observer ces résultats, les scientifiques ont eu l’idée d’utiliser un radioligand, une sorte de colorant, qui se colle à l’acétylcholine. « Personne n’avait pensé à utiliser ce ligand-là pour regarder si on pouvait augmenter la présence de ces vésicules avec une intervention, quelle qu’elle soit » précise le neurologue. Pour corroborer les résultats, les chercheurs ont scindé le groupe de volontaires et donné des jeux différents à certains participants, notamment le Solitaire et Candy Crush, jugés plus simples.
Les données sont étonnantes. Pour les jeux beaucoup plus faciles, pas de modifications du cerveau comparables. Pour les scientifiques, il n’y a pas de doute, de nombreux facteurs doivent être présents. Le jeu doit demander une attention continue, être assez difficile pour exiger toute la concentration, mais assez accessible pour ne pas décourager. Ils affirment que l’élément de vitesse est indispensable dans ces jeux. Prochaine étape pour les experts : traiter les déficits cognitifs faibles, les personnes à risque pour Alzheimer.