Insolite : quel est cet insecte détesté de tous les Français qui pourrait s'avérer utile pour résoudre des meurtres ?
Mal aimée, voire crainte par la population, la punaise de lit, connue pour ses piqûres insupportables, pourrait redorer son blason grâce à une nouvelle étude. Selon des chercheurs, l'insecte est capable de conserver l’ADN humain pendant plusieurs semaines. Elle pourrait alors devenir un véritable outil scientifique.

Véritable fléau pour les uns, potentiel espion pour les autres, la punaise de lit tropicale pourrait, selon une découverte faite par des chercheurs malaysiens, conserver l'ADN humain jusqu’à 45 jours après avoir sucé le sang de leurs proies. La minuscule créature pourrait donc s'avérer bien plus utile qu'on ne l'imaginait jusqu'ici.
Du nuisible à l'outil scientifique
Des chercheurs de l’Université des sciences de Malaisie (USM) ont démontré que ces insectes hématophages sont capables de conserver l’ADN de leurs victimes pendant plus d’un mois après les avoir piquées. « À partir d’une simple goutte de sang, les enquêteurs de police pourront peut-être un jour reconstituer le profil complet d’un suspect », explique l’entomologiste Abdul Hafiz Ab Majid.
« Nous appelons les punaises de lit l’ennemi dans la couverture », à cause des terribles démangeaisons qu’elles provoquent, mais « elles peuvent aussi être des espions » pour aider à résoudre des crimes, assure-t-il.
L'étude repose sur plusieurs années d’élevage contrôlé de punaises tropicales du genre Cimex hemipterus. En gardant ces insectes à une température constante entre 23 et 24 °C, les chercheurs ont observé leur comportement alimentaire. Les punaises absorbent jusqu’à 5,3 microlitres de sang, une quantité minime mais qui suffirait à fournir des données génétiques précises.
D’après les chercheurs, l’ADN extrait du sang humain consommé par les punaises de lit peut permettre de reconstituer les caractéristiques observables d’une personne (le sexe, la couleur des yeux, des cheveux et de la peau) jusqu’à 45 jours plus tard. En utilisant des marqueurs d’ADN spécifiques extraites du sang, les chercheurs peuvent donc déterminer des suspects potentiels.
Contrairement aux moustiques et aux mouches, les punaises de lit ne volent pas et se déplacent peu. Une fois repues, elles restent dans un périmètre limité, « un rayon de six mètres », et « sont donc plus fiables », explique Abdul Hafiz Ab Majid. « C’est ce qui les rend uniques. On peut dire qu’elles sont parfaites comme outil médico-légal, contrairement aux moustiques qui… s’envolent. »
Cette approche pourrait donc permettre aux enquêteurs de police de retrouver un suspect à partir d’un simple insecte retrouvé sur place, même dans des conditions où les indices visibles ont été nettoyés. Les punaises de lit ont quand même leurs limites : le fait de conserver un ADN jusqu'à 45 jours signifie qu'elles ne pourront pas aider à résoudre un cold case !
Références de l'article :
Phys.org, Malaysian scientists recruit bed bugs as crime scene sleuths
Science et Vie, Ces insectes détestés pourraient bientôt résoudre des affaires de meurtre