Insolite : et si récupérer notre urine pouvait aider à soigner nos os et nos dents ?
L'urine humaine ne contient pas que des déchets mais également des minéraux importants qui pourraient bien servir à réparer nos os et nos dents. À terme, nous pourrions même exploiter notre urine à grande échelle !

Selon une récente étude publiée dans Nature Communications, l’urine pourrait être utilisée pour la réparation des os et des dents grâce à un procédé de transformation ingénieux.
Une future utilisation médicale de l'urine ?
L'urine est sécrétée par les reins par filtration du sang, puis par sécrétion et récupération de certaines molécule de l'urine dite « primitive » pour former ce que l'on appelle l'urine définitive. Celle-ci est expulsée du corps par le système urinaire et constitue la plus grande part des déchets liquides du métabolisme des vertébrés.
Difficile donc d'imaginer une quelconque utilité à l'urine dans le domaine de la médecine en sachant cela. Néanmoins, celle-ci pourrait bien receler un potentiel médical inattendu. En effet, l'urine contient une espèce minérale particulière, de l'hydroxyapatite, à base de calcium et de phosphore.
Ainsi, il serait donc possible d'exploiter l'hydroxyapatite contenue dans l'urine afin de l'utiliser dans la réparation des os et des dents. Car si ce composé est naturellement produit par les ostéoclastes, ces cellules spécialisées sont complexes à cultiver en laboratoire, ce qui fait que la production de l'hydroxyapatite reste coûteuse, chose qui pourrait changer grâce à … l'urine.
Comment la cultiver ?
Après de nombreuses recherches et expériences, les scientifiques du Lawrence Berkeley National Laboratoy en Californie ont finalement réussi à mettre au point un procédé permettant de cultiver l'hydroxyapatite contenue dans l'urine, qui plus est de façon très efficace.
Cela a notamment été rendu possible par la levure, l'ingrédient phare de ce procédé. Ce micro-organisme est en effet capable d'absorber et de stocker des minéraux, en plus d'être simple à cultiver et résistant. Ainsi, les chercheurs ont sélectionné la levure Saccharomyces boulardii puis l'ont génétiquement modifié pour qu'elle capte le calcium et le phosphate présent dans l'urine afin de les convertir en hydroxyapatite. La levure joue de ce fait le rôle d'ostéoclaste.
Scientists from UC Irvine, in collaboration with researchers from the US and Japan, have developed a synthetic yeast system that transforms human urine into hydroxyapatite, a crucial component for bone and dental implants.#Biomaterials #SustainableInnovation #3DPrinting pic.twitter.com/FS5BL7rPJE
— Tech Explorers (@techexplorersz) June 19, 2025
De plus, le rendement de ce procédé est particulièrement satisfaisant, de l'ordre d'1 gramme d'hydroxyapatite pour 1 kilogramme d'urine, rendement qui pourrait encore être amélioré selon les chercheurs. Le coût est également assez faible, selon les auteurs de l'étude, produire un kilogramme de ce composé coûterait environ 19 dollars dans une ville comme San Francisco, soit bien moins que les techniques utilisées jusqu'à aujourd'hui pour sa production.
Les scientifiques à l'origine de ce nouveau procédé de production d'hydroxyapatite espèrent que cette technologie de recyclage de l'urine pourra être mise en place dans des stations d'épuration, ce qui permettra, en plus de produire de grandes quantités de ce composé, de faciliter l'élimination de l'urine dans le traitement des eaux usées.
Référence de l'article :
Notre urine, nouvelle alliée de la médecine pour réparer les os et les dents, Geo (24/06/2025), Adélie Clouet d'Orval