Fonte de l'Antarctique : voici les régions les plus vulnérables face à la montée du niveau de la mer
Une nouvelle étude mondiale combine des modèles de glace, d'océan et d'atmosphère pour montrer comment la fonte des glaces antarctiques affectera de manière inégale le niveau de la mer, menaçant les communautés côtières et les îles de faible altitude.

La fonte des calottes glaciaires de l'Antarctique engendre des conséquences qui s'étendent bien au-delà de la pointe sud de la planète. À mesure que la glace diminue, le niveau moyen des mers s'élève, les courants océaniques se modifient et la température de différentes régions se transforme. Cependant, ces effets ne sont pas uniformes : certains territoires connaîtront une élévation du niveau de la mer supérieure à la moyenne, tandis que des zones étonnamment proches du pôle pourraient subir une baisse temporaire de ce niveau.
Une nouvelle étude, menée par des chercheurs spécialisés dans la glace, le climat et la dynamique terrestre, a intégré des modèles avancés issus de ces trois domaines afin de comprendre comment la fonte de l'Antarctique façonnera l'avenir de la planète. L'étude prend en compte tous les facteurs, des forces gravitationnelles aux variations de la rotation terrestre, en passant par la réaction du manteau terrestre à la perte de masse de la calotte glaciaire.
Ces recherches confirment un principe fondamental : il est urgent de comprendre le sort de l'Antarctique. La région renferme suffisamment de glace pour faire monter le niveau des océans d'environ 58 mètres – un potentiel capable de redéfinir les frontières côtières, de menacer les économies et de contraindre des millions de personnes à migrer.
Les émissions déterminent la vitesse de fonte.
L'intensité de la fonte des glaces dépend directement du réchauffement climatique, lui-même lié aux émissions de gaz à effet de serre. Si le monde respecte les objectifs de l'Accord de Paris et limite le réchauffement à 1,5 °C, une grande partie de la calotte glaciaire pourrait survivre. Cependant, les scénarios à fortes émissions indiquent des pertes considérables, notamment des risques importants pour l'Antarctique oriental, beaucoup plus vaste et historiquement plus stable.

L'étude montre qu'en cas d'émissions modérées, la fonte de l'Antarctique pourrait entraîner une hausse du niveau de la mer d'environ 10 centimètres d'ici 2100, et jusqu'à 1 mètre d'ici 2200, en ne considérant que l'Antarctique. Si l'on ajoute la fonte du Groenland et la dilatation thermique des océans, la hausse totale d'ici la fin du siècle pourrait dépasser 60 centimètres.
Dans des scénarios d'émissions élevées, la situation s'aggrave. La hausse due à la seule fonte de l'Antarctique pourrait atteindre 30 centimètres en 2100 et près de 3 mètres en 2200, avec des impacts inégaux sur les différents bassins océaniques.
Pourquoi certains endroits montent plus et d'autres descendent ?
Le niveau de la mer ne réagit pas à la fonte des glaces comme l'eau d'une baignoire. L'explication réside dans la gravité : les grandes masses de glace attirent l'eau de mer. Lorsque la glace fond, cette attraction diminue, ce qui fait baisser le niveau de la mer près de l'Antarctique et le fait monter dans les régions plus éloignées.
La fonte des glaces modifie également l'axe de rotation de la Terre, redistribuant ainsi l'eau à l'échelle mondiale. Il en résulte des régions susceptibles de connaître des hausses de niveau de la mer bien supérieures à la moyenne mondiale, comme certaines zones des Caraïbes, du Pacifique central, de la Micronésie et des Palaos.
Par ailleurs, certains facteurs peuvent ralentir la fonte. Le « rebond » de la croûte terrestre, qui s'élève lorsqu'elle perd de la masse, peut éloigner certaines parties de la glace du contact avec des eaux plus chaudes. De plus, l'eau froide issue de la fonte des glaces refroidit temporairement la surface des océans, réduisant ainsi le réchauffement climatique. Ces effets sont réels, mais ils ne peuvent empêcher la poursuite de la montée du niveau de la mer.
Les régions les plus menacées et l'appel à la justice climatique
La cartographie révèle que la plus forte hausse prévue d'ici 2200 — jusqu'à 4,3 mètres dans les scénarios extrêmes — se produira dans des régions éloignées de l'Antarctique, notamment dans le Pacifique et l'Atlantique. Ces régions abritent certaines des communautés les plus vulnérables de la planète, y compris de petits États insulaires qui perdent déjà du territoire face à l'avancée de l'océan.
Le message scientifique est clair : l’avenir du niveau des mers est intimement lié aux décisions prises aujourd’hui. La réduction des émissions déterminera non seulement la quantité de glace que l’Antarctique perdra, mais aussi l’ampleur des transformations que connaîtra le monde.
Référence de l'actualité
Portal Terra. Les scientifiques cartographient les zones où la fonte des glaces antarctiques entraînera la plus forte hausse du niveau de la mer.. 2025