Va-t-on, un jour, pouvoir activer ou désactiver un souvenir ? C’est possible, selon cette étude scientifique

Et si, demain, on pouvait activer et/ou désactiver un souvenir de sa mémoire ? Ce sont les travaux menés par des scientifiques, en Suisse. Une véritable avancée pour les personnes souffrant de pathologies et de troubles de la mémoire.

Un processus pour activer ou désactiver un souvenir
Un processus pour activer ou désactiver un souvenir

Mémoire activée. Et s’il était possible d’activer ou de désactiver un souvenir de notre mémoire ? C’est le sujet de recherches de ces scientifiques, qui se sont aperçus, grâce à un test sur des souris, qu’une sorte d’interrupteur épigénétique permettait cette action : supprimer et rétablir un souvenir chez les rongeurs. C’est Johannes Gräff, neuroscientifique à l’École polytechnique fédérale de Lausanne qui a mené cette étude, publiée dans la revue britannique Nature Genetics.

Mais alors, quel est le processus pour supprimer et restaurer un souvenir ?

C’est au laboratoire que tout se joue. Les souris sont dans une cage. Certains emplacements de cette cage envoient un choc électrique modéré si elles s’approchent. Dès lors qu’elles comprennent, cette information s’intègre dans la mémoire : “à cet endroit précis, je reçois un choc électrique”. Le fait d’intégrer l’information s’appelle l’“encodage”. Et cette information est composée de neurones qui s’activent (ce groupe de neurones est appelé un engramme) à chaque fois que l’information se doit d’être présente. Par exemple, juste avant d’arriver à l’endroit où le choc électrique est inévitable.

Une avancée pour les personnes souffrant de troubles de la mémoire

Dès lors que cette intégration est faite, la structure de l’ADN se modifie. ADN qui, comme le rappelle Johannes Gräff, "participe aussi au stockage de la mémoire." Et d’ajouter : "depuis environ 20 ans, on savait que l’apprentissage et la mémoire sont accompagnés par des modifications épigénétiques. Mais nous ne savions pas si l'inverse était vrai, si ces modifications peuvent changer la mémoire." Parmi ces gènes, c’est à ARC que l’équipe de scientifiques s’intéresse tout particulièrement.

"ARC est un gène extrêmement important pour la plasticité synaptique", explique le neuroscientifique. Pour les scientifiques, le raisonnement est simple : si le souvenir des souris concernant le choc électrique est basé sur ARC et son activation, alors les souris pourraient “oublier” ce souvenir les scientifiques décident de désactiver ARC. Après tentative, le résultat est bien là : effectivement, le souvenir a disparu. Grâce à une manipulation, les experts ont pu désactiver uniquement les neurones liés au souvenir du choc électrique.

Des souris de laboratoire pour effectuer les tests
Des souris de laboratoire pour effectuer les tests

Johannes Gräff confirme les résultats. "L'ouverture et augmentation d’ARC a induit une amélioration de la mémoire, tandis que la fermeture et baisse d’ARC a induit une perte de la mémoire". Le neuroscientifique est étonné du changement de comportement des souris. Chez les rongeurs avec ARC inactivé, on constate l’inexistence de peur et les souris allaient sans problème vers les zones à choc électrique. Elles avaient oublié le souvenir du choc. En revanche, chez celles où ARC était activé, l’hésitation était bien là. Le souvenir était toujours présent.

Si, pour le moment, ces travaux n’en sont qu’au début, les scientifiques espèrent que ces derniers aideront à mieux comprendre et à mieux traiter certains patients, atteints de troubles de la mémoire et autres pathologies, telles que la démence.

Référence de l’article :

Mémoire : un interrupteur épigénétique qui active ou désactive un souvenir