99 % de la population mondiale reçoit la lumière du soleil au même instant ce 8 juillet. Comment est-ce possible ?
Le 8 juillet, vers 11h15 UTC (soit 13h15 heure de Paris), environ 99 % de la population mondiale reçoit un certain degré de lumière solaire. Grâce à la combinaison de l’astronomie et de la répartition de la population sur le globe, on vous explique comment ce phénomène étonnant est possible.

Presque toute la population de la planète, en comptant les 3 % se trouvant dans le crépuscule astronomique (la toute dernière lueur avant la nuit noire), reçoit ce mardi 8 juillet, vers 11h15 UTC (soit 7h15 au Chili), une certaine dose de lumière solaire. À cet instant, la majorité des zones habitées se trouvent du côté diurne de la Terre ou dans l’une des zones de crépuscule. Les seules grandes masses continentales plongées dans l’obscurité sont l’Australie, la Nouvelle-Zélande, certaines régions de l’Antarctique et une partie de l’Asie du Sud-Est. Les populations de ces zones ne représentent qu’environ 1 % de l’humanité.
Le 8 juillet, vers 11h15 UTC, la majorité des zones habitées de la planète se trouvent du côté diurne de la Terre ou dans l’une des zones de crépuscule. À ce moment précis, environ 99 % de la population mondiale reçoit une certaine quantité de lumière solaire.
Une étude menée par Time and Date a analysé, minute par minute et pour chaque jour de l’année, le nombre de personnes vivant le jour, la nuit ou le crépuscule. Tous leurs calculs se fondent sur leurs propres données solaires ainsi que sur les données démographiques du Centre pour le Réseau international d'information sur les sciences de la Terre (CIESIN) de l’Université Columbia, à New York (États-Unis), datant de 2022.

Il est important de souligner que la population mondiale n’est pas figée : elle évolue avec le temps, et ces changements s’opèrent à des rythmes différents selon les régions du globe. Cette étude a été réalisée à partir des meilleurs ensembles de données disponibles sur la population mondiale en 2022.
Comme l’indique le graphique de la figure 1, le 8 juillet n’est pas la seule date où la lumière du soleil atteint presque toute la population terrestre. Autrement dit, la courbe ne présente ni pente abrupte ni pic marqué : elle s’approche progressivement du seuil des 99 % dès le mois de mai, se stabilise pour former un plateau durant presque tout le mois de juin, puis redescend progressivement vers les 98 % à la mi-juillet.
D’après les données, cette période s’étend approximativement du 18 mai au 17 juillet. En d’autres termes, pendant près de 60 jours autour du solstice de juin, environ 99 % des êtres humains reçoivent chaque jour, durant quelques minutes, de la lumière du jour ou du crépuscule (arrondi au pourcentage le plus proche).
Ainsi, oui, l’affirmation est valable non seulement pour le 8 juillet (17 jours après le solstice d’été), mais aussi pour le 4 juin (17 jours avant), ainsi que pour 58 autres jours de cette période de l’année.
Jour et nuit sur Terre
En moyenne, la répartition mondiale de la lumière solaire au cours de la journée atteint un pic quotidien aux alentours de 11h00 UTC. Sur les 30 jours de l’année où le plus grand nombre de personnes reçoivent de la lumière solaire, ce pic se produit généralement entre 11h00 et 11h03 UTC. Pour les 60 jours les plus lumineux, ce pic ne survient que une à deux minutes plus tard dans quelques cas seulement. Ce qui est étonnant, expliquent les équipes de Time and Date, c’est que le 8 juillet fait justement partie des rares dates où le pic se produit un peu plus tard, à 11h10 UTC.
À cet instant précis, presque toutes les zones les plus densément peuplées du globe reçoivent un certain degré de lumière solaire. Cela inclut l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Europe, l’Afrique et la majeure partie de l’Asie. En revanche, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, certaines régions d’Asie du Sud-Est et l’Antarctique sont les seules grandes masses continentales alors plongées dans l’obscurité.

Sur la Figure 2, vous pouvez observer la carte mondiale du jour et de la nuit réalisée par Time and Date, qui utilise différents niveaux de teinte pour distinguer le jour, la nuit et les trois phases du crépuscule. La zone la plus claire correspond au jour, lorsque le Soleil se trouve au-dessus de l’horizon. La teinte la plus sombre représente la nuit totale, lorsque le Soleil est en dessous de l’horizon et qu’il n’y a plus aucun crépuscule. Entre les deux, les zones intermédiaires illustrent les trois étapes du crépuscule – civil, nautique et astronomique. Dans ces cas, le Soleil est déjà sous l’horizon, mais il reste encore un peu de lumière solaire indirecte.
Sur la carte, on remarque que la ligne séparant le jour et la nuit n’est pas parfaitement régulière. Cela illustre comment de très légers changements quotidiens dans la répartition de la lumière solaire autour du solstice peuvent avoir un impact notable sur le nombre de personnes exposées à la lumière à un moment donné.

Une zone faiblement peuplée peut se retrouver juste à la limite de la zone crépusculaire un jour, puis dans l’obscurité totale le lendemain ; à l’autre bout de la planète, une grande ville peut au contraire basculer dans la zone crépusculaire au même moment, provoquant une variation notable sur la courbe.
Par ailleurs, cette courbe n’est pas symétrique par rapport au solstice de juin ni à celui de décembre. La cause ? L’orbite elliptique de la Terre, qui fait que notre planète accélère ou ralentit au fil de son parcours autour du Soleil. Ce phénomène est lié à ce que l’on appelle l’équation du temps, qui mesure les variations du temps solaire apparent tout au long de l’année.

Concrètement, cela signifie que le mouvement apparent du Soleil dans le ciel varie légèrement en vitesse d’un jour à l’autre, ce qui fait que le moment où la majorité de la population mondiale reçoit la lumière du Soleil peut survenir un peu plus tôt ou un peu plus tard d’un jour à l’autre.
Ce phénomène entraîne une légère distorsion dans le graphique, qui ne tient pas compte de ces petites variations : il trace de manière rigide les données d’exposition à la lumière solaire exactement à 11h00 UTC chaque jour.
7,7 milliards de personnes exposées simultanément à la lumière du Soleil
En croisant les données solaires de Time and Date avec les données démographiques de 2022 fournies par le CIESIN, les chercheurs estiment qu’il faisait nuit pour un peu moins de 80 millions de personnes le 8 juillet à 11h15 UTC. Cela signifie qu’environ 7,7 milliards de personnes, soit environ 99 % de l’humanité, se trouvaient alors du côté éclairé de la planète.

Le 8 juillet, plus de 6,4 milliards de personnes vivent en plein jour, tandis que plus de 1,2 milliard se trouvent dans une zone de crépuscule. Autrement dit, 83 % de la population mondiale reçoit une lumière solaire directe, et 16 % bénéficie d’une lumière indirecte, si l’on inclut toutes les zones crépusculaires, même faiblement éclairées.
Le pourcentage de la population percevant réellement la lumière du Soleil est toutefois légèrement inférieur (93 %) si l’on exclut les personnes situées dans la pénombre du crépuscule astronomique ainsi que la moitié de celles en crépuscule nautique. On obtient alors un total de 7 204,9 millions de personnes (données de 2022), ce qui reste un chiffre extrêmement élevé.
Pourquoi le 8 juillet et non le jour du solstice de juin ?
On sait que l’hémisphère nord est bien plus densément peuplé que l’hémisphère sud. À première vue, le jour du solstice de juin, lorsque la moitié nord du globe reçoit la plus grande quantité de lumière solaire, semble être le meilleur candidat pour le jour où le plus grand nombre de personnes sont exposées à la lumière du Soleil. Mais ce n’est pas le cas, si l’on prend en compte les définitions techniques des différentes phases du crépuscule.
Après le solstice, à mesure que le Soleil commence à se déplacer lentement vers le sud, ses rayons se retirent progressivement des régions les plus septentrionales. Toutefois, à 11h15 UTC, ce recul concerne principalement des zones peu peuplées, comme le nord de l’océan Pacifique.
En parallèle, le déplacement du Soleil vers le sud étend sa lumière vers des latitudes plus basses, atteignant par exemple des pays comme l’Indonésie ou les Philippines. Bien que ce changement soit minime sur le plan géographique, il touche certaines des zones les plus densément peuplées de la planète, ajoutant ainsi environ 10 millions de personnes aux régions bénéficiant de lumière directe ou indirecte.
Il est aussi utile de rappeler ce qu’est le crépuscule astronomique, la phase la plus sombre du crépuscule, lorsque le Soleil se situe entre 12° et 18° sous l’horizon. La lumière indirecte est alors si faible qu’elle devient presque imperceptible à l’œil nu, mais elle reste suffisamment présente pour gêner l’observation des objets célestes les plus faibles, ce qui lui vaut son nom.
Références de l'article :
Konstantin Bikos. "Fact Check: 99% of the World’s Population Gets Sunlight at the Same Moment on July 8". Time and Date. (2022).
Konstantin Bikos and Graham Jones. "99% of Earthlings See Sunlight on July 8 (And on Other Dates, Too)". Time and Date (2023).