Changement climatique : la mortalité des arbres dans les forêts françaises a augmenté de 125% en dix ans
Les forêts françaises font face à une forte surmortalité des arbres selon le dernier inventaire forestier national mis à jour le 14 octobre. Il fait état d'une santé des forêts qui se dégrade, une dégradation principalement liée au changement climatique et à la surexploitation.

La forêt française continue de s'étendre comme elle le fait depuis plus de deux siècles, mais sa santé, elle, se dégrade à un rythme inquiétant. Selon l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN), en 2024, la forêt couvrait 17,6 millions d’hectares, soit près d’un tiers du territoire hexagonal et corse. C’est 900 000 hectares de plus qu’il y a dix ans, et presque le double de la surface occupée au début du XXe siècle.
Une surmortalité liée à plusieurs facteurs
« Entre 2015 et 2023, la forêt française atteint 16,7 millions de mètres cubes de bois par an, soit une hausse de 125 % par rapport à la décennie précédente où elle s’élevait à 7,4 millions de mètres cubes de bois par an. » Mais face à l'expansion de nos forêts, la mortalité des arbres a elle aussi bondi de 125% en dix ans, soit plus du double selon l'IGN.
La surmortalité est le résultat de causes désormais bien identifiées : les sécheresses successives, la prolifération des bioagresseurs (champignons et insectes xylophages) ou encore les incendies qui fragilisent fortement les forêts. Au total, la France compte 159 millions de mètres cubes de bois mort sur pied, soit 5 % du volume total de bois présent en forêt (vivant, mort et chablis).
Selon l'IGN, les essences les plus affectées sont l’épicéa commun, victime des scolytes, le frêne sous l’effet de la chalarose et le châtaignier, à cause de maladies. L'autre principale cause ? La surexploitation des forêts, la sylviculture intensive, qui a rendu les arbres plus vulnérables et moins résilients aux bouleversements du climat.
La mortalité des arbres a augmenté de +125 % en dix ans, selon l @IGNFrance par une succession d'évènements naturels. Malgré ces tensions, la forêt française continue de sétendre : +90 000 ha/an, couvrant désormais 32 % du territoire.https://t.co/XWpMoDDWR1#Forêt #SEFB pic.twitter.com/GelwhpMnvf
— Syndicat des Exploitants de la Filière Bois (@SEFBois) October 21, 2025
Pour Marie-Stella Duchiron, experte forestière et autrice de Sylviculture d’écosystème, interrogée par Reporterre, « les modifications climatiques ont effectivement un impact sur la forêt, mais pour la protéger, il faut d’abord lui permettre d’avoir toutes les capacités pour résister à ces changements. Or, la situation actuelle met en lumière l’échec de la sylviculture que nous avons pratiquée jusqu’alors. »
Alors quelle solution pour une meilleure protection des forêts ? « La sylviculture d’écosystème : une sylviculture qui utilise la structure sauvage et naturelle de la forêt. Qui laisse les forêts vieillir et qui, au lieu d’autoriser l’exploitant à passer tous les sept ans, conseille aux forestiers de passer, au plus tôt, tous les 20 ans. Et même, je dirais qu’une forêt, pour qu’elle accède à un certain niveau de naturalité, il faut un minimum de 45-50 ans sans qu’on y touche, voire 100 ans. »
Références de l'article :
Reporterre, Surmortalité des arbres : l’exploitation des forêts, la grande coupable