En Champagne, l'œnotourisme en pleine effervescence !

Dix ans après l'inscription du vignoble champenois au patrimoine mondial de l'Unesco, l' œnotourisme explose dans cette région du nord-est de la France.

Le vignoble de Champagne classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Le vignoble de Champagne classé au patrimoine mondial de l'Unesco.

Le Pavillon Ruinart, à Reims, est l’un des symboles du boom de l’œnotourisme en Champagne. Depuis un an, la plus ancienne maison de champagne, propriété du géant français du luxe LVMH, accueille le public dans ce pavillon aux airs de pagode ultra moderne signé Sou Fujimoto, l’une des stars de l’architecture japonaise contemporaine.

Après la visite des crayères inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco, les visiteurs peuvent prolonger l'expérience du luxe dans les salons, le bar à champagne, la terrasse et la boutique du Pavillon.

Un patrimoine multiséculaire

À près de 40 mètres de profondeur et sur 8 kilomètres, les crayères de la Maison Ruinart préservent les cuvées et révèlent un patrimoine multiséculaire. D’un blanc immaculé, ces anciennes carrières de craie expriment toute la singularité du terroir champenois. La visite de ces caves naturelles se prolonge par une dégustation commentée de deux cuvées emblématiques de la Maison Ruinart.

Les crayères classées de la Maison Ruinart.
Les crayères classées de la Maison Ruinart.

En dépit des droits de douane imposés par le gouvernement Trump sur les produits européens depuis un an, « l’œnotourisme est reparti comme jamais, avec un public qui n’est plus le même, constate Olivier Livoir, le responsable de l’hospitalité chez Ruinart. Ce sont des gens qui voyagent d’abord pour le vin. »

Patrimoine restauré et tables gastronomiques

Dix ans après l'inscription de ses coteaux, maisons et caves au patrimoine mondial, « l’œnotourisme est en train d’exploser en Champagne », confirme Séverine Couvreur, la présidente de la Mission Unesco. Un nombre impressionnant de projets a vu le jour ces dernières années : la rénovation du Château Perrier à Epernay, qui abrite le musée du vin de Champagne et d'Archéologie régionale, la reconversion d’un ancien pressoir en centre d'interprétation sensoriel baptisé Pressoria, ainsi que l'apparition d'hôtels de luxe et de restaurants assemblant gastronomie et dégustation de vins.

En juin dernier, Taittinger a ouvert Polychrome, une table gastronomique installée au cœur du siège historique de la Maison, à Reims, tandis que Dom Pérignon initie en décembre prochain la restauration de l’ancienne abbaye Saint-Pierre d’Hautvillers, berceau du champagne, pour une réouverture prévue en 2028.

L'abbaye d'Hautvillers, berceau du champagne.
L'abbaye d'Hautvillers, berceau du champagne.

Quant à la jeune maison Thiénot, elle a inauguré en septembre Le 3 dans un ancien hôtel particulier au cœur de Reims - un parcours immersif autour du champagne qui sera complété en décembre par un hôtel cinq étoiles et un spa.

Des retombées sur l'ensemble du territoire classé

Le nombre de nuitées à Reims a bondi de plus de 60% entre 2016 et 2023, s'élevant désormais à 1,8 million. Et les emplois touristiques locaux ont augmenté de plus de 30% sur la même période pour atteindre 8 240 postes, selon une récente enquête de l’Agence d’urbanisme, de développement et de prospective de la région de Reims.

« Cette hausse des emplois est homogène sur tout le territoire et surtout sensible dans les zones périphériques », souligne Séverine Couvreur. Car l’inscription Unesco va au-delà de « zones cœur » comme Reims et Epernay, engageant également 320 villes et villages de l’appellation d’origine contrôlée champagne dans trois départements français.

Favoriser la mobilité des flux touristiques

« On arrive aussi à éviter le surtourisme car il n’y a pas qu’un seul lieu qui se visite, mais une multitude d’expériences », précise Séverine Couvreur. La Mission Unesco veut dorénavant anticiper « des flux qui favorisent la mobilité » afin d'éviter que les habitants ne subissent les conséquences de cette fréquentation.

Dès 2023, les communes d’Hautvillers et Ay ont pris des arrêtés plafonnant le nombre de locations touristiques autorisées. Epernay vient de les imiter, alors que le nombre de ces meublés recensés dans la ville – plus de 420 – a décuplé depuis 2019, selon la mairie.

Référence

France : l’œnotourisme pétille en Champagne, surfant sur l’effet Unesco, L'Echo touristique, le 20 octobre 2025