Insolite : pourquoi une météorite retrouvée sur la Lune relance le mystère de l'origine de l'eau sur Terre ?

Des échantillons prélevés sur la face cachée de la Lune commencent à révéler leurs secrets. C’est la mission chinoise Chang’e-6, qui a fait revenir sa sonde en juin 2024, qui révèle la présence inattendue de fragments d'astéroïdes gorgés d'eau, de quoi relancer les spéculations.

L’échantillon de météorite a été découvert dans un cratère, lui-même dans un cratère.
L’échantillon de météorite a été découvert dans un cratère, lui-même dans un cratère.

Comment l'eau est-elle arrivée sur Terre ? L'énigme semble perdurer et les théories se succéder. En décembre 2024, une étude publiée dans la revue Astronomy & Astrophysics avançait que notre planète aurait pu capturer le précieux élément dans un bain de vapeur, peu après la formation du système solaire.

Aujourd'hui, une nouvelle découverte laisse penser que l'eau viendrait peut-être de météorites exceptionnellement rares, des chondrites carbonées de type Ivuna, qui se distinguent par le fait qu’elles contiennent de l’eau et que du fait de leur composition hydratée, elle se désintègrent très souvent en entrant dans l’atmosphère.

Un secret vieux de plusieurs milliards d'années

C'est la première fois qu'une telle météorite est observée sur la Lune, ou du moins les traces qu’elle a laissées. Sur Terre, on estime que moins d’1% des météorites retrouvées sont des chondrites CI. C'est grâce à la mission chinoise Chang’e-6, dirigée par l'Administration spatiale nationale chinoise, que ces échantillons ont pu être prélevés et ramenés sur Terre en juin 2024.

Ces découvertes montrent que ces poussières de météorites, porteuses d'eau, peuvent laisser des empreintes microscopiques dans le régolithe lunaire (poussière produite par l'impact des météorites à la surface), laissant imaginer l'impact du bombardement primitif du système solaire.

Une théorie veut, en effet, que l’eau soit apparue sur Terre grâce à des bombardements de météorites contenant… de l’eau, des chondrites CI. Seulement, très peu de traces de ces dernières avaient pu être retrouvées. C'est aujourd'hui chose faite et cela permet d'imaginer que ces échantillons ont été préservés pendant des milliards d’années, ce qui confirmerait la théorie selon laquelle l’eau est arrivée sur Terre grâce à ces météorites.

Comme l'expliquent les premières analyses des échantillons, sept fragments ont finalement révélé une signature chimique et isotopique incompatible avec une origine lunaire ou terrestre. Les rapports fer-manganèse, les isotopes d'oxygène et de silicium pointent tous vers une provenance extraterrestre, probablement un astéroïde de type CI ayant percuté la Lune, fondu puis refroidi rapidement il y a des milliards d'années.

Pour les chercheurs, leur méthodologie “offre un outil précieux pour réévaluer les proportions de chondrites dans le système solaire interne”. Ces poussières pourraient représenter jusqu'à 30% des météorites lunaires, suggérant que la Lune conserve mieux ces vestiges primordiaux que la Terre.

Références de l'article :

Sciences et Vie, Chang'e-6 : la découverte d'une météorite rare sur la Lune relance l'énigme de l'origine de l'eau sur Terre

PNAS, Impactor relics of CI-like chondrites in Chang’e-6 lunar samples