Santé et environnement : pourquoi la France veut réduire la présence de l'octocrylène dans les produits cosmétiques ?

La France appelle l’Union européenne à restreindre dès 2027 l’usage de l’octocrylène, un filtre UV présent dans de nombreuses crèmes solaires et produits cosmétiques. Considérée comme une menace pour l’environnement, la substance suscite aussi des inquiétudes pour la santé humaine.

La France appelle l’Union européenne à restreindre dès 2027 l’usage de l’octocrylène, un filtre UV nocif pour les écosystèmes.
La France appelle l’Union européenne à restreindre dès 2027 l’usage de l’octocrylène, un filtre UV nocif pour les écosystèmes.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) demande aux industriels de « réduire drastiquement l'usage de l'octocrylène dans les produits cosmétiques » pour « protéger l'environnement », dans un avis publié ce jeudi 2 octobre.

La molécule octocrylène, utilisée comme filtre UV, absorbeur d’UV et photo-stabilisant, est présente dans environ 35 à 60% des produits solaires, dans le maquillage, dans des crèmes de jour ou encore dans des parfums. Selon l'Anses, « chaque année, plus de 1 500 tonnes d’octocrylène sont utilisées dans les produits cosmétiques en Europe. »

Une menace pour la biodiversité et la santé

Une fois le produit utlisé, la molécule se retrouve dans les eaux usées domestiques et dans les sols, et par conséquent dans les lacs, les rivières et les mers côtières lors des baignades, ce qui entraîne « des risques inacceptables » pour « la reproduction et la croissance des espèces aquatiques » et les organismes « terrestres ».

Et le danger ne s'arrête pas là. En plus de ses effets nocifs sur la biodiversité (poissons, crevettes, algues), l’octocrylène suscite aussi des inquiétudes sanitaires car elle pourrait être toxique pour la thyroïde et la reproduction, et agir comme perturbateur endocrinien.

L’Anses propose donc, au nom de la France, une réduction drastique de la concentration maximale autorisée de cette substance. Cela reviendrait à retirer du marché les cosmétiques contenant de l’octocrylène, jugé facilement remplaçable par d’autres filtres UV et dont les coûts supplémentaires « seraient absorbés sans trop de difficultés », selon Karine Fiore, directrice adjointe à la direction des sciences sociales de l’Anses.

Côté consommateurs, l'Anses a mené une enquête auprès de 7 200 personnes dans six pays européens : le prix qu’ils sont prêts à payer « dépasse largement les coûts engendrés par la restriction », attestant de « la volonté des Européens à agir pour améliorer la qualité des environnements aquatiques. »

Cette proposition est en consultation publique sur le site de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) jusqu’au 24 mars 2026. Ses deux comités (évaluation des risques, analyse socio-économique) devraient rendre leurs avis en septembre 2026, permettant à la Commission européenne de trancher sur l’application de cette restriction dans l’UE au plus tôt en 2027.

Références de l'article :

Anses, Restreindre l’utilisation de l’octocrylène dans les produits cosmétiques pour protéger l’environnement

Le Monde, Environnement : la France exhorte l’UE à restreindre drastiquement la part d’octocrylène dans les produits cosmétiques