Risques climatiques et business : pourquoi les entreprises qui anticipent réussissent-elles à s'imposer ?
Les entreprises ne peuvent plus ignorer l'impact du climat sur leur activité. Entre phénomènes météorologiques extrêmes et pression réglementaire croissante. Mieux préparées, elles minimisent les pertes, attirent des financements et s’ouvrent de nouvelles opportunités.

Le changement climatique affecte déjà l’économie mondiale, et les chiffres sont sans appel. En 2024, les catastrophes naturelles et climatiques ont provoqué une envolée des pertes économiques et des coûts d'assurance, atteignant 300 milliards d'euros, selon le rapport Swiss Re.
Comprendre les risques climatiques pour les entreprises
Les risques physiques englobent les effets directs des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les tempêtes, les inondations ou les incendies, qui peuvent causer des dommages aux infrastructures, interrompre les chaînes d'approvisionnement et entraîner des coûts opérationnels accrus.
Par exemple, en 2021, des inondations en Malaisie ont provoqué une pénurie de semi-conducteurs, impactant de nombreuses industries dépendantes de ces composants essentiels. L'assurance des entreprises a connu désormais une hausse des coûts comprise entre 20 et 30 % dans les zones les plus exposées aux risques physiques. Mais ces événements extrêmes ne sont pas les seuls à menacer les entreprises.
Les risques de transition, quant à eux, découlent du passage à une économie bas carbone. Cette catégorie de risques inclut des éléments tels que l'augmentation des prix du carbone, la volatilité énergétique due aux politiques de transition, la dévalorisation d'actifs liés aux combustibles fossiles et les pressions pour investir dans des technologies plus propres.
A titre d'illustration, lors de la COP29, il a été acté que les marchés du carbone prendraient une place plus centrale dans la finance mondiale, avec des règles plus strictes et un objectif de taxe carbone globale de 75 dollars par tonne de CO2 d’ici 2030. Ces évolutions ne laissent plus de place à l’inaction. Les entreprises qui tardent à s’adapter risquent de voir certains de leurs actifs devenir obsolètes, avec des pertes estimées jusqu’à 1 300 milliards de dollars sur les investissements fossiles d’ici la fin de la décennie.
Anticiper les risques
L’intégration des risques climatiques dans la gestion d’entreprise n’est plus un choix, mais une nécessité. Les entreprises qui prennent de l’avance assurent leur résilience opérationnelle en adaptant leurs infrastructures et leur logistique pour limiter l’impact des événements climatiques extrêmes. Cette anticipation leur permet de garantir la continuité de leurs activités face aux perturbations croissantes.
De plus, elles renforcent leur compétitivité, en accédant plus facilement aux financements et en attirant les investisseurs attentifs aux critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). Leur proactivité fait qu'elles pourront bénéficier d’une meilleure anticipation réglementaire, évitant ainsi des coûts élevés de mise en conformité face à des politiques environnementales de plus en plus strictes.
Elles pourront ainsi gagner en attractivité auprès des consommateurs, dont les attentes se tournent vers des produits et services plus responsables. Adopter une stratégie durable ne se limite donc pas à répondre aux obligations légales : c’est un levier stratégique puissant pour s’imposer sur le marché.
Concrètement, comment agir ?
Pour limiter leur exposition aux risques climatiques et transformer ces contraintes en opportunités, les entreprises doivent adopter des stratégies claires. La première étape consiste à évaluer leur exposition et leur vulnérabilité aux risques physiques et transitionnels en réalisant des analyses détaillées. Cette anticipation leur permet d’identifier les points faibles de leur activité et de mettre en place des mesures adaptées.
La seconde étape est d’intégrer la gestion des risques dans la stratégie globale. Cela implique d’investir dans la résilience en adaptant les infrastructures, en diversifiant les fournisseurs et en renforçant la chaîne d’approvisionnement. La réduction de l’empreinte carbone est également essentielle : investir dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables permet non seulement de se conformer aux réglementations à venir, mais aussi de réduire les coûts à long terme.
Par ailleurs, renforcer la transparence en publiant des rapports alignés sur les standards internationaux, comme ceux recommandés par la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD), est un levier clé pour rassurer investisseurs et parties prenantes.
Opportunité à saisir
Lors de la COP29 à Bakou en 2024, des avancées ont été faites sur les marchés du carbone, ouvrant la voie à des mécanismes incitatifs pour les entreprises qui réduisent leurs émissions. Par ailleurs, des initiatives comme le Cali Fund, lancé lors du CBD COP16, montrent que les financements privés et publics convergent de plus en plus vers des projets alignés avec la transition écologique.
Les entreprises qui prennent position aujourd’hui ne se contentent pas de survivre dans un monde en mutation : elles en deviennent les leaders. Comme le souligne un rapport du UNCCD COP16, plus de 2 600 milliards de dollars seront nécessaires d’ici 2030 pour restaurer les terres dégradées – une opportunité majeure pour les entreprises qui misent sur des solutions durables.
Cette année, les entreprises ont donc une opportunité unique de devenir des leaders du changement climatique en s’impliquant activement dans la mise en œuvre de politiques environnementales ambitieuses.
Sources de l'article
Fournier, C. (2024, décembre 11). Près de 300 milliards d'euros de pertes liées aux catastrophes naturelles en 2024. Novethic
The CBI. (2025, février). How business leaders can become the 2025 environmental champions.