Polluants éternels en France : les sites industriels responsables des rejets sont-ils situés près de chez vous ?
Sur les milliers de sites industriels en France rejetant des polluants éternels (les fameux PFAS), à peine plus de 5% sont responsables de la quasi-totalité des émissions. Sont-ils situés près de chez vous ?

Un rapport de l'ONG Générations Futures publié ce mardi 1er avril 2025 dresse la liste des sites industriels français responsables de la quasi-totalité des rejets dans l'eau des PFAS, les "polluants éternels". Sur les milliers de sites classés utilisant ces PFAS, 13 sont particulièrement émetteurs de PFAS : sont-ils situés près de chez vous ?
5,4% d'industries responsables de 99% des émissions
Les PFAS, substances per- et polyfluoroalkylées, ou "polluants éternels", sont des milliers de molécules pratiquement indestructibles s'accumulant avec le temps dans l'air, dans le sol, dans les eaux des rivières, jusqu'à la nourriture et au corps humain. Selon le rapport de cette ONG, seuls quelques sites industriels sont responsables de la quasi-totalité des rejets de PFAS dans les eaux françaises.
PFAS : le palmarès des usines les plus polluantes en France ️ https://t.co/8TVIltU5K1
— Les Echos (@LesEchos) April 3, 2025
On commence à identifier les responsables : 146 sites industriels sont à lorigine de la quasi-totalité des rejets de PFAS dans leau, selon une étude de @genefutures. pic.twitter.com/Cx8AwdRbRl
Or, depuis un arrêté de juin 2023, tous les sites classés pour la protection de l'environnement et susceptibles d'utiliser des PFAS (soit plusieurs milliers) doivent réaliser une campagne "d'identification et d'analyse" de leurs rejets de ces polluants dans l'eau.
Selon Pauline Cervan, toxicologue chez Générations Futures, seulement 5,4% des industries, soit 146 établissements, sont responsables de plus de 99% des émissions de PFAS dans la nature ou vers les stations d'épuration. Ces usines rejettent au moins un gramme de PFAS par jour (ou 25 microgrammes par litre), selon les données des directions régionales de l'environnement (Dréal).
Parmi ces 146 sites industriels, Générations Futures a recensé 13 sites émettant plus de 25 grammes de PFAS par jour ou ayant des rejets très concentrés en PFAS (plus de 200 microgrammes par litre). L'ONG estime que ces usines "doivent prendre des mesures immédiates pour stopper leurs émissions", que certaines ont déjà mises en place, fort heureusement.
Le podium des usines polluantes : où se situent-elles ?
Les deux premières usines les plus polluantes sont BASF, à Saint-Aubin-Lès-Elbeuf, près de Rouen (Normandie), suivie par Solvay, à Salindres, dans le Gard. Elles émettent toutes deux de l'acide trifluoroacétique (TFA), un PFAS pas encore réglementé dont la toxicité est en cours d'évaluation. Le TFA sert à fabriquer des produits phytosanitaires ou des médicaments (antidiabétiques, anticancéreux…).
"Nous sommes tous contaminés". PFAS : l'humanité face à un danger inédit et invisible
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Cest lun des plus grands scandales sanitaires de notre époque mais aussi la crise de pollution la plus importante que lhumanité na jamais eu à affronter. Pour en pic.twitter.com/7CJDpCGzRT
La troisième usine la plus polluante est Finorga, à Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, également productrice de principes actifs pharmaceutiques et très émettrice de TFA. Le maire de la ville, ex-PS, a pour sa part demandé l'arrêt de la production si l'activité produisait des "effets nocifs sur la santé", tout en se félicitant de la réglementation française en matière de production chimique.
Alors que l'ONG s'inquiète de l'ultra-contamination aux PFAS des zones habitées, elle juge aussi que des actions ciblées, rapides et concrètes pourraient aboutir à des résultats considérables et efficaces. Ainsi, l'entreprise Solvay a annoncé le jour de la publication du rapport la fin de la production de TFA et autres dérivés fluorés sur son site de Salindres.
Dans le même temps, alors que les ministères de la Santé et du Travail fixent une valeur sanitaire indicative de 60 microgrammes de PFAS par litre d'eau, une campagne d'analyse de l'Agence régionale de santé d'Occitanie a révélé en mars qu'aucun dépassement de seuil n'avait été enregistré concernant l'eau potable du département du Gard. Ouf de soulagement, pour le moment...