Pakistan : que faire des 50 millions de réfugiés climatiques ?

Depuis plusieurs mois, le Pakistan est touché par une vague d'inondations "les pires de son histoire". Un tiers du pays est englouti sous les eaux forçant 50 millions de pakistanais à fuir ces conditions invivables.

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50 millions de pakistanais se sont déplacés pour fuir les inondations historiques qui touchent le pays depuis juin dernier.

Pendant la saison de la mousson, le Pakistan est touché par des pluies abondantes. Cette saison s'étend chaque année de juin à septembre et est nécessaire pour l'irrigation des cultures. Mais depuis trois mois, les inondations causées par le réchauffement climatique sont "les pires de l'histoire du pays", selon Shehbaz Sharif, le Premier ministre pakistanais.

En 2010, un cinquième de ce pays d'Asie du sud avait déjà été inondé à cause des pluies de la mousson. Ces dernières avaient causé la mort de 2 000 personnes. Mais cette année, "littéralement un tiers du Pakistan est sous les eaux actuellement", relate Sherry Rehman, la ministre pakistanaise du Changement climatique, lundi 29 août dernier à l’AFP.

"Du jamais vu en 30 ans", insiste le Premier ministre du Pakistan ! Les autorités du pays dénoncent les conséquences directes du dérèglement climatique, qui provoque une hausse de l'intensité et de la fréquence des catastrophes météorologiques extrêmes à travers le monde. Une hypothèse confirmée par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

Ce dernier dénonce l'inaction des chefs d'état : "Alors que nous continuons à voir de plus en plus d’événements météorologiques extrêmes dans le monde, il est scandaleux que l’action climatique soit mise en veilleuse alors que les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, nous mettant tous - partout - en danger croissant".

Conséquences de cette mousson historique ? Selon l'Autorité nationale de gestion des catastrophes (NDMA), il y aurait au moins 1 200 morts depuis début juin, dont près d'une centaine cette semaine. Plus de 33 millions de personnes, soit 1 pakistanais sur 7, sont touchées par les inondations dramatiques. 710 000 animaux d'élevage sont morts, 80 00 hectares de terres cultivables sont inondées et 3 400 km de routes et 157 ponts se sont effondrés.

Ce sont les régions du nord et du sud du Pakistan qui sont les plus touchées. Et ce n'est pas encore fini car le fleuve principal l'Indus, qui coule de l'Himalaya pour se jeter dans la mer d'Oman, est en crue et menace de sortir de son lit. L'état d'urgence a été déclaré. Malgré les fonds débloqués et l'aide apportée, les inondations ont fait 50 millions de réfugiés climatiques.

Ces 50 millions de personnes, soit environ un quart de la population pakistanaise, se sont déplacées à cause des conséquences néfastes du dérèglement climatique, selon François Gemenne, rapporteur du GIEC et spécialiste des migrations environnementales, professeur à Sciences Po et à l’université de Liège.

Un chiffre ahurissant selon lui, surtout si on le compare à l'année 2010, "année record en terme de nombre de personnes déplacées par des évènements climatiques, on atteignait 38 millions de personnes, pour toute l'année et tous pays confondus." Et ces migrations environnementales risquent d'augmenter au fil des ans si rien n'est fait pour diminuer la hausse des températures.

"Chaque année, ce sont 2 à 3 fois plus de personnes qui sont déplacées par des évènements climatiques extrêmes, que par des violences et des conflits", explique le rapporteur du GIEC à nos confrères de FrancetvInfo. Pas d'autres choix donc, qu'apporter de l'aide aux victimes climatiques. Et pour éviter que cela ne se reproduise, il faut faire du réchauffement planétaire une priorité.

"La grande question que nous pose le changement climatique, c'est celle de l'habitabilité de la planète. (...) Où allons-nous pouvoir habiter ? Aujourd'hui, à-peu-près toutes les régions du monde le sont. Vraisemblablement ça ne sera pas le cas demain, soit parce que les régions seront inondées, soit parce qu'il fera trop chaud, soit parce que toute forme d'agriculture y sera impossible", poursuit-il.

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