Les ZFE, menacées de suppression en France, ont-elles vraiment permis de réduire la pollution ailleurs en Europe ?

Les Zones à Faibles Émissions (ZFE) sont dans le viseur des députés français : menacées de suppression, sont-elles vraiment synonymes de réduction de la pollution dans les villes où elles sont déjà en place ailleurs en Europe ?

ZFE prétexte panneau
Une quarantaine d'agglomérations en France ont mis en place des Zones à Faibles Émissions (ZFE). Photo Sebleouf, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

Depuis le mardi 8 avril, les députés examinent un texte visant à supprimer les Zones à Faibles Émissions (ZFE), mises en place depuis 2019 dans une quarantaine d'agglomérations en France. Leur suppression, déjà votée en commission, sera-t-elle vraiment actée par le gouvernement ? La pollution de l'air a-t-elle vraiment baissé dans les autres villes d'Europe disposant de ZFE ?

320 ZFE en Europe

Cette suppression potentielle des ZFE figure dans le projet de loi de simplification, mais ne sera peut-être pas suivie par le gouvernement de François Bayrou, qui souhaite les maintenir dans les villes les plus polluées, Paris et Lyon. Cette mesure régule l'entrée en ville des véhicules les plus émetteurs de particules fines (en fonction de la vignette Crit'air).

À Londres, les concentrations en dioxyde d'azote, polluant émis par les voitures, ont diminué de moitié dans le centre-ville grâce à la mise en place de la ZFE.

Le débat est lancé, alors qu'ailleurs, en Europe, 320 ZFE existent, 70 de plus qu'il y a cinq ans, notamment dans les grandes villes comme Londres, Milan ou Madrid, mais aussi dans de nombreuses villes moyennes. Les ZFE participent à la réduction de la pollution de l'air, qui tue chaque année 240.000 personnes dans l'Union européenne et 40.000 personnes en France.

Mais ce n'est pas le seul paramètre qui entre en compte dans la réduction de cette pollution : outre les ZFE, de nouvelles limitations de vitesse en ville ou encore le renouvellement du parc automobile avec des véhicules moins émetteurs voire électriques peuvent améliorer considérablement la qualité de l'air et par conséquent notre santé.

Une mesure très efficace à Londres, Munich et Berlin

À Londres, où la ZFE est en place depuis plusieurs années, la qualité de l'air s'est effectivement améliorée et la mesure fonctionne : les concentrations en dioxyde d'azote, émis par les voitures, ont fortement baissé, -25% en périphérie et -50% dans le centre de la capitale britannique.

Cette baisse des émissions polluantes est aussi observée dans d'autres grandes villes européennes comme Munich ou Berlin. Dans le Grand Paris, où la ZFE a été réellement activée il y a deux ans avec les premières interdictions de circulation, une réduction des polluants a également été mesurée, selon Air Parif.

Mais ces ZFE dépassent le cadre de la qualité de l'air, elles marquent aussi un changement de comportement, comme en Italie, où la mise en place de zones à trafic limité a très bien fonctionné depuis déjà plusieurs décennies.

Dans les villes où des ZFE sont instaurées, la piétonisation est désormais accrue, les habitants prennent beaucoup moins la voiture et choisissent plutôt les transports en commun, qui généralement roulent plus vite avec la baisse du trafic routier. Des bénéfices qui seront donc peut-être bientôt réduits à néant en France…

Référence de l'article :

France Info. Milan, Munich, Londres… Dans les grandes villes d'Europe, les ZFE ont-elles permis de réduire la pollution de l'air ?