La fonte du sol gelé en Sibérie pourrait-elle provoquer une catastrophe climatique et sanitaire ?
En Sibérie, les habitants subissent de plein fouet les graves conséquences du réchauffement climatique. La fonte du pergélisol, le sol gelé qui recouvre la région sibérienne, s'accélère grandement à cause de la hausse des températures. Résultat : les maisons et les autres types de bâtiments s’affaissent et menacent de s’effondrer. Autre conséquence dramatique : ce phénomène libère les gaz à effet de serre que sont le CO2 et le méthane.

Réchauffement climatique, jusqu’en Sibérie. Les habitants observent des monticules de neige, formés par un processus que l’on appelle thermokarst. Ces monticules, appelés bylars en langue iakoute, présentent une forme assez régulière. Ce sont des polygones qui peuvent atteindre plus d'un mètre de hauteur. Ils peignent un horizon de plus en plus bosselé depuis une quarantaine d'années.
En janvier dernier, Iakoutsk a atteint les -8°C, la température la plus élevée jamais enregistrée
Nikita Tananaev est le directeur du laboratoire du climat de l'Université fédérale du Nord-Est à Iakoutsk, la capitale de la Iakoutie, située en Extrême-Orient russe. Il explique que ce paysage cabossé n’est pas nouveau en soi, mais que ces ondulations sont de plus en plus nombreuses, dues au réchauffement climatique. "Le sommet de ces formations reste stable. Seuls les espaces entre les monticules s'enfoncent", précise-t-il. "Avec le réchauffement climatique, la glace fond de plus en plus vite".
En temps normal, il fait -40°C en janvier à Iakoutsk
La glace qu’il évoque, c’est la glace souterraine, le pergélisol. Normalement, c’est un sol entièrement et perpétuellement gelé. Cette région de Russie en est presque totalement couverte. Mais cette glace se trouve sous forme de polygones. Résultat : lorsqu’elle fond, cela crée les bosses, désormais particulièrement visibles. La situation devient alarmante, car ces monticules s’approchent de plus en plus des villes et bourgs environnants.
Les maisons et les commerces sont donc en danger, car ce dégel pour faire flancher les bâtiments, bien que toutes les constructions de la région soient sur pilotis. En effet, ces dernières tiennent sur des pieux enfoncés dans le permafrost, autre nom donné au pergélisol, sur plusieurs mètres. Malheureusement, et à ce rythme, cela risque de ne pas être suffisant.

Le patron de l'Agence fédérale pour le développement de l'Orient russe, Mikhaïl Kouznetsov, avait pris la parole à ce sujet, l’année dernière. Il avait déjà tiré la sonnette d’alarme en affirmant que "plus de 40 %" des édifices construits sur ce sol gelé avaient déjà été déformés. Il faut savoir que le pergélisol couvre 65 % du territoire de la Russie. Avec une hausse des températures de "1,5°C au cours des 30 dernières années”, selon Nikita Tananaev, voire "2°C par endroits", les habitants de Sibérie ont raison de s’inquiéter de ce phénomène.
Mais ce n’est pas tout ! La fonte du gel provoque la libération de dioxyde de carbone et de méthane. Ces deux gaz sont enfouis dans la glace depuis des milliers d’années. Outre les gazs, microbes et virus sont également piégés dans la glace. La fonte de cette dernière pourrait donc représenter une catastrophe sur le plan sanitaire.
Références de l’article :
En Sibérie, le dégel du pergélisol constelle le paysage d'intrigantes bosses
En Sibérie, le permafrost sera-t-il une bombe à virus à cause du réchauffement climatique ?