Branchée, arty, friendly... Le renouveau de la ville de Glasgow

Longtemps associée à son passé industriel et à ses docks désertés, Glasgow connaît aujourd’hui une métamorphose qui fascine autant qu’elle inspire. Deuxième plus grande ville d’Écosse, l’ancienne cité ouvrière se réinvente avec audace, entre héritage victorien, innovation verte et effervescence culturelle.

Un pub célèbre à Glasgow.
Un pub célèbre à Glasgow.

Si Glasgow ne possède pas les habits royaux d’Edimbourg, elle compense ce manque par une ardeur amicale réconfortante. L’explication tient en deux mots : solidarité, due à l’histoire ouvrière, et hospitalité, liée à son présent arty et musical. « On rit plus à Glasgow lors d’un enterrement que durant un mariage à Edimbourg ! », plaisantent les habitants.

On rit plus à Glasgow lors d’un enterrement que durant un mariage à Edimbourg !

Au fil des décennies, Glasgow a appris à panser ses plaies. Après l’effondrement des chantiers navals dans les années 1970, la ville avait sombré dans une période sombre marquée par le chômage, l’exode des habitants et la pauvreté. Mais depuis le début des années 2000, un vent nouveau souffle sur les rives de la Clyde. Soutenue par des politiques ambitieuses d’urbanisme et de culture, la cité a su tirer parti de ses faiblesses pour en faire des forces.

Une scène musicale et artistique internationalement reconnue

L’exemple le plus visible de ce renouveau est sans doute la transformation de l’ancien quartier portuaire en un pôle architectural et artistique. Le Riverside Museum, signé Zaha Hadid, trône désormais au bord du fleuve, témoin spectaculaire du tournant opéré. À quelques pas de là, le SEC Armadillo, imaginé par Norman Foster, accueille concerts et conférences internationales. Glasgow est redevenue une scène, et pas seulement musicale.

Car si la ville est connue pour avoir vu naître des groupes comme Simple Minds, Texas et plus récemment Franz Ferdinand ou encore Primal Scream, c’est toute une génération d’artistes, de designers et de créateurs qui insuffle une énergie nouvelle dans les rues du West End ou dans les ateliers de la Glasgow School of Art, toujours en reconstruction après les incendies tragiques. Les galeries fleurissent, les friches se transforment en espaces d’exposition et l’art contemporain s’affiche comme moteur de la revitalisation.

Vue d'une rue de la ville.
Vue d'une rue de la ville.

L’âme ouvrière n’est pas morte. A Hidden Lane, dans le quartier bobo de Finnieston, des bâtisses en briques sont devenues des studios d’artistes. Les puces de Barras, dans East Side, drainent le week-end une clientèle populaire qui s’adonne au vintage. Autour de la vaste université où enseigna Adam Smith, père de l’économie libérale, le quartier est un repaire de magasins et de cafés branchés.

On flânera sur la très animée Byres Road ou dans la ruelle villageoise Ashton Lane, riche en pubs. On visitera Kelvingrove Art Gallery and Museum, dans son palais en grès rose. Avant de se poser dans Kelvingrove Park ou Botanic Garden, avec ses parterres et son palais de verre, Kibble Palace.

The Burrel Collection : l'art au cœur de la nature

Il faut visiter aussi The Burrell Collection, plus importante collection d’art issue d’un legs privé d’Ecosse. Sir William Burrell, industriel glasvégien du tournant du 20e siècle, a fait fortune dans la construction navale et passé sa vie, avec son épouse, à réunir des œuvres majeures. Elles sont présentées dans un vaste musée design récemment rénové, posé au sud de la rivière Clyde, dans le Pollok Country Park - un grand jardin de 150 hectares avec vaches highlands et manoir.

Le public y découvre des statuettes asiatiques, des céramiques chinoises et iraniennes et une superbe série de tableaux impressionnistes de Degas, le peintre préféré de William Burrell, Manet, Courbet, Pissaro, Renoir, Corot, Daumier… ainsi que des sculptures de Rodin et de Camille Claudel. S’il est un seul musée à voir à Glasgow, c’est celui-ci !

Une ville verte et joyeuse

Mais le renouveau de Glasgow ne s’arrête pas à la culture. Sur le plan écologique, la ville ambitionne de devenir neutre en carbone d’ici 2030. Tramways, pistes cyclables, écoquartiers : le modèle de ville durable est au cœur des priorités municipales. En 2021, la COP26 a d’ailleurs braqué les projecteurs du monde entier sur cette cité longtemps perçue comme grise. Aujourd’hui, elle se rêve en pionnière verte.

Le slogan « People make Glasgow », adopté il y a une décennie, reste plus que jamais d’actualité.

Et puis, il y a l’humain. Glasgow, réputée pour l’humour de ses habitants et leur chaleur bienveillante, n’a rien perdu de son âme. Le slogan « People make Glasgow », adopté il y a une décennie, reste plus que jamais d’actualité. Dans les cafés indépendants, les marchés communautaires ou les bibliothèques de quartier, la convivialité reste une valeur fondatrice.

Référence

Renouveau arty : Glasgow, la belle insolente de l’Écosse, Jean-François Rust, 27 avril 2025