La seule capitale au monde sans habitants : moderne, avec des routes neuves, mais personne ne veut y vivre
Imaginez une capitale nationale dotée d’institutions modernes, de routes impeccables et de bâtiments officiels, mais avec une population de zéro. Elle existe, et c’est un phénomène unique dans le monde contemporain, qui s’explique par des causes bien précises que nous allons révéler.

Au cœur du Pacifique occidental, nichée dans un petit archipel, se trouve l’une des capitales les plus énigmatiques de la planète : celle de la République des Palaos. Officiellement fondée le 7 octobre 2006, cette ville est le centre administratif du pays. On y trouve le Parlement, la Cour suprême et les bureaux du président.
Mais elle détient un record singulier : son recensement indique zéro habitant. En effet, c’est la seule capitale nationale au monde sans population résidente permanente. Ce phénomène étonnant s’explique par des raisons bien précises, mais commençons par le début…
L’un des pays les plus jeunes du monde
Les Palaos font partie des quatorze pays qui composent l’Océanie, le continent le plus petit et le moins peuplé de la planète.
Viaje por Oceanía (1).
— mito ️ (@quasimito) January 8, 2023
Mapa político de Oceanía, que desgranaremos a lo largo de las próximas semanas.
IDL (International Date Line) es la línea oficial de cambio de fecha a lo largo del meridiano de 180° de longitud. pic.twitter.com/W00TZO5JWa
Son territoire est composé de plus de 300 îles, pour la plupart inhabitées, entourées d’eaux cristallines, de récifs coralliens et d’une biodiversité marine qui en fait l’un des sites de plongée les plus spectaculaires au monde.
Anciennement sous domination espagnole, allemande, japonaise puis américaine, les Palaos ont accédé à l’indépendance en 1994 (c’est l’un des pays les plus jeunes du monde), à l’issue d’un long processus supervisé par les Nations Unies.
Une capitale sans résidents
Conformément à sa Constitution, le gouvernement des Palaos a lancé la construction d’une nouvelle capitale pour remplacer Koror, la plus grande ville du pays, devenue surpeuplée et confrontée à des problèmes d’espace et de ressources.

C’est ainsi que Ngerulmud a été conçue comme un symbole de modernité et d’autonomie pour un État qui compte à peine 20 000 habitants.
Pendant des années, le projet de construction de la nouvelle capitale est resté à l’arrêt, car les Palaos manquaient d’ingénieurs et d’architectes. De plus, le pays a dû importer la majorité des matériaux nécessaires.
Mais malgré son infrastructure impeccable, ses élégants bâtiments néoclassiques et son emplacement stratégique, la capitale n’a jamais réussi à attirer de résidents.
Ville fantôme à la tombée du jour
S’il fallait une expression pour décrire Ngerulmud, ce serait sans doute celle de « ville fantôme ».
On n’y trouve ni commerces, ni restaurants, ni habitations, ni vie nocturne. Les employés s’y rendent chaque jour depuis d’autres localités, principalement depuis Koror, située à 33 kilomètres de là.
Ngerulmud, Palau is the only capital city in the world to have 0 inhabitants pic.twitter.com/kRsqkd6MjS
— Slazac (@TrueSlazac) September 8, 2024
C’est donc une ville sans âme urbaine : dépourvue de services de base, d’attraits sociaux ou culturels qui pourraient en faire un lieu de vie.
Ainsi, à la tombée du jour, lorsque les fonctionnaires ayant terminé leur journée repartent chez eux, Ngerulmud devient une ville vide, posant des défis logistiques et économiques majeurs.

Car le maintien des bâtiments gouvernementaux et des routes exige un investissement constant, tandis que l’absence de communauté résidente freine tout développement commercial et social.
Un avenir incertain
Pour certains analystes, Ngerulmud est le symbole d’un échec d’urbanisation planifiée. Pour d’autres, il ne s’agit que d’un centre administratif qui n’a jamais eu vocation à devenir une véritable ville.
Malgré cette singularité, les Palaos continuent de fonctionner normalement, et Koror reste le cœur vivant du pays, concentrant la majorité de la population, de l’activité économique et du tourisme.
La capitale politique, quant à elle, demeure une capsule institutionnelle au cœur de la luxuriante forêt tropicale, tandis que sa singularité continue d’attirer l’attention des urbanistes, politologues et curieux du monde entier.
Un contraste déroutant, en total décalage avec la réalité de la plupart des capitales du globe, qui ne cessent de s’étendre. Une capitale sans quartiers ni districts ; un siège gouvernemental sans habitants ; une ville sans ville. La preuve vivante que, parfois, la fonction ne suffit pas à faire le lieu.