Insolite : cet oiseau peut prédire l'intensité de la saison cyclonique sur l'Atlantique Nord !

Le comportement de la grive fauve, petit oiseau chanteur, pourrait nous permettre de déterminer à l'avance l'intensité de la saison des cyclones sur l'océan Atlantique Nord. Comment est-ce possible ?

Grive fauve oiseau
La grive fauve (Catharus fuscescens) effectue sa migration pile pendant la saison cyclonique de l'océan Atlantique Nord.

Voici un oiseau, la grive fauve, qui pourrait peut-être bouleverser les prévisions météo, en tout cas au moins nous aider à y voir plus clair sur l'intensité de la saison cyclonique au-dessus de l'océan Atlantique Nord. Le comportement de ce petit oiseau est en effet particulièrement scruté par les scientifiques : sera-t-il bientôt un outil d'aide à la prévision ?

Une migration suivie à la trace

La grive fauve (de son nom scientifique Catharus fuscescens) est un petit oiseau chanteur pesant à peine une trentaine de grammes. Selon certains chercheurs, qui l'ont observée à l'aide de balises GPS entre 1998 et 2016, son comportement aurait indiqué pratiquement chaque année avec précision si l'activité des ouragans sur l'océan Atlantique Nord et aux Etats-Unis allait être inférieure ou supérieure à la moyenne.

Cet oiseau migre en fait pile pendant la saison des cyclones. Lorsque celle-ci s'annonce intense, la grive fauve termine plus tôt sa reproduction et s'envole aussi bien plus tôt en direction de l'Amérique du Sud. En revanche, lorsque la saison cyclonique s'annonce plus calme, ces oiseaux séjournent beaucoup plus longtemps dans l'Est de l'Amérique du Nord.

Rien de plus logique à cela d'un simple point de vue géographique et météorologique, car sur ce chemin entre Etats-Unis et Amérique du Sud se trouvent le Golfe du Mexique et la mer des Caraïbes, là finalement où les cyclones sont souvent les plus violents, et là où un vol ailes déployées serait particulièrement dangereux. D'ailleurs, même en l'absence de cyclone, ce parcours migratoire reste un dangereux périple et certaines grives fauves n'arrivent malheureusement jamais à destination...

Les fruits, noyaux prédictifs

Comment cet oiseau peut-il connaître à l'avance l'intensité des ouragans sur l'Atlantique ? Est-ce un ressenti ou y a-t-il une explication concrète ? En fait, tout est lié à la situation météo dans la zone d'hivernage de ces oiseaux, en Amérique du Sud. Une configuration qui change chaque année, notamment lorsque le phénomène El Niño s'en mêle.

Lorsque ce phénomène se met en place, la pluviométrie est en hausse en Amérique du Sud, tout comme la température de l'océan, et l'on sait que cela s'accompagne souvent de cyclones moins intenses sur l'Atlantique Nord, à cause d'un cisaillement vertical du vent qui réduit leur croissance. Or, une année pluvieuse en Amérique du Sud signifie beaucoup plus de fruits, dont la pousse est favorisée : des fruits qui sont un élément essentiel du régime alimentaire de la grive fauve. Ces oiseaux sont donc en meilleure santé pour assumer une longue saison de reproduction et restent donc plus longtemps en Amérique du Nord.

A l'inverse, lorsque le temps est très sec en Amérique du Sud, cela correspond souvent à des cyclones plus intenses en Amérique du Nord, et cela tombe bien pour nos amies les grives fauves : ayant mangé moins de fruits en hiver, elles sont en moins bonne santé pour se reproduire et repartent très vite vers le Sud, évitant ainsi les cyclones. Reste à savoir ce qu'indiquera le comportement des grives fauves cette année, mais les records de températures battus dans l'océan Atlantique Nord pourraient venir nourrir l'activité cyclonique et remettre en question le lien entre El Niño et les ouragans : affaire à suivre...

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