Insolite : le Pakistan a recours à de la pluie artificielle pour la première fois de son histoire !

Afin de réduire les taux de pollutions dans l'une des plus grandes métropoles du pays, le Pakistan a récemment utilisé une technique d'ensemencement des nuages afin de produire de la pluie artificielle.

Pluie
La pluie artificielle et une technique de géo ingénierie controversée qui est utilisée par de plus en plus de pays à travers le monde

Le Pakistan a récemment eu recours à de la pluie artificielle pour la première fois de son histoire dans la mégalopole de Lahore. Mais pour quelle raison cette technique a-t-elle été employée ?

La pluie artificielle, c'est quoi ?

Contrôler le temps a longtemps été une des ambitions de l'Homme mais est également restée une utopie qui semblait impossible à mettre en œuvre. Pourtant, faire tomber la pluie sur commande est aujourd'hui techniquement possible, en tout cas sous certaines conditions spécifiques, grâce à la technique d'ensemencement des nuages.

Cette technique a été pour la première fois étudiée dans les années 1940 dans la région de New-York. Celle-ci consiste à introduire dans les nuages différentes particules, en général du sel ou un mélange de différents sels afin de favoriser la condensation des gouttelettes d'eau qui s'accumulent autour de ces cristaux avant de tomber vers le sol par gravité, engendrant ainsi de la pluie.

Depuis, l'ensemencement des nuages a été mise en œuvre dans des dizaines de pays dans l'espoir notamment de soulager leur population de longues périodes de sécheresse. Mais, comme son nom l'indique, cette technique requiert la présence de nuages et est donc bien moins efficace dans les régions les plus arides ou tout simplement lorsque l'air est trop sec.

Pourtant, les Emirats arabes unis l'utilisent également malgré leur climat particulièrement aride afin notamment de tenter « d'humidifier » certaines régions désertiques. Ceux-ci possèdent donc de nombreux avions ensemenceurs et ont récemment fait don de deux d'entre eux au Pakistan.

Un espoir de réduire la pollution atmosphérique

Contrairement aux Emirats arabes unis, le Pakistan n'a toutefois pas utilisé cette technique d'ensemencement afin de lutter contre la sécheresse mais plutôt pour lutter contre la pollution atmosphérique. En effet, la mégalopole de Lahore dans le Nord-Est du pays est concerné depuis plusieurs semaines par un smog particulièrement dangereux.

Ce samedi 16 décembre, il a été mesuré un taux de pollution atmosphérique 66 fois supérieur au niveau juré dangereux par l'Organisation Mondiale de la Santé, induisant donc un risque très important pour la santé des quelques 11 millions d'habitants du secteur.

Cette pollution importante aux particules fines (PM2,5) pénètre en effet dans la circulation sanguine par les poumons, apportant donc un risque cancérigène accru pour les personnes respirant l'air vicié de cette mégalopole pakistanaise.

Une solution de facilité ?

Il a déjà été prouvé par de nombreuses études que la pluie aidait à réduire la pollution atmosphérique, les particules fines étant évacuées vers le sol en étant contenues dans les gouttes d'eau, s'échappant ensuite dans les rivières via les eaux ruisselantes et enfin vers les océans. C'est donc pour cette raison que le Pakistan a eu recours à l'ensemencement des nuages, dans l'espoir que la pluie tombe et fasse rapidement et efficacement baisser ces taux de pollutions dangereux pour la santé sur cette région.

Toutefois, cette technique n'a pas encore fait totalement ses preuves et n'est aujourd'hui pas définitivement prouvée, en d'autres termes l'ensemencement des nuages n'assure pas toujours que la pluie tombera effectivement sur une région donnée. De plus, l'une des particules utilisées par cette technique de géo-ingénierie, l'iodure d'argent, pourrait avoir des conséquences néfastes sur l'environnement si elle et utilisée en trop grande quantité.

Enfin, les scientifiques s'inquiètent également de cette proportion grandissante à opter pour des solutions de facilité dont on ne connaît pas encore toutes les implications possibles. Utiliser une technique de géo-ingénierie qui n'a pas été encore totalement prouvée plutôt que de traiter le problème de la pollution directement à sa source est effectivement paradoxal.

Le Pakistan gagnerait en effet plutôt à limiter l'utilisation du diesel et autres énergies fossiles ainsi que le brûlage des cultures saisonnières, ce qui permettrait de limiter le risque que ce problème de pollution excessive ne s'installe de nouveau rapidement. Car, une fois que la pluie sera tombée (si celle-ci parvient à tomber), la pollution reviendra et le répit n'aura été que de trop courte durée.

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