France, Italie, Allemagne...Qui doit décider face au climat selon les citoyens européens ?

Même avant la COP30, les Européens se divisaient déjà sur qui devait décider du climat : chaque État pour lui ou l’Union européenne comme chef d’orchestre. La conférence brésilienne, conclue sur un accord trop limité, vient confirmer l’urgence de trancher.

Les Européens restent convaincus qu’une action rapide et forte peut encore limiter les pires impacts du réchauffement climatique.
Les Européens restent convaincus qu’une action rapide et forte peut encore limiter les pires impacts du réchauffement climatique.

Lorsque la COP30 a refermé ses portes à Belém le 22 novembre 2025, beaucoup ont ressenti un goût d’inachevé. Cette conférence organisée au cœur de l’Amazonie promettait un sursaut mondial ; elle s’est finalement conclue par un accord a minima, dépourvu de feuille de route crédible pour sortir des énergies fossiles. Le « Mutirão global », théoriquement conçu comme un effort collectif planétaire, reste plus une intention qu’un moteur d’action.

Bien sûr, quelques avancées ont été mises en avant : un fonds pour les forêts tropicales, un triplement annoncé du financement de l’adaptation d’ici 2035, des initiatives volontaires sur le méthane ou encore la création d’une Task Force Océan. Mais ces progrès modestes ne suffisent pas à masquer l’essentiel : l’ambition collective fait encore défaut.

En climatologie, la physique ne négocie pas, et l’absence de décision forte sur les combustibles fossiles laisse une brèche. Dans cette brèche, les attentes des citoyens européens s’engouffrent. Si la scène internationale peine à avancer, alors qui doit décider, et à quelle échelle, pour que l’Europe joue enfin son rôle ?

L'inquiétude climatique, un sentiment largement partagé

Les résultats de YouGov prennent tout leur sens après cette COP30 décevante. Dans six pays d’Europe occidentale, une majorité de citoyens se disent préoccupés par le réchauffement : 76 % en Italie, 74 % en Espagne, 69 % au Danemark, 63 % en Allemagne, 62 % au Royaume-Uni et 53 % en France. Cette inquiétude, n’a jamais été aussi profondément ancrée. Elle traduit la conscience d’un dérèglement désormais visible dans le quotidien.

Pourtant, et c’est un point crucial, un optimisme déterminé subsiste : une majorité des sondés estime encore possible d’éviter les pires impacts du changement climatique si les politiques changent radicalement. L’Espagne incarne cette confiance (65 %), quand l’Allemagne avance plus prudemment (46 %).

Entre responsabilité historique et désir de coopération

Après la COP30, les Européens semblent avoir compris qu’aucun pays ne peut affronter seul un défi aussi systémique. L’Europe est le troisième émetteur mondial de CO₂ issu des carburants, avec l’Allemagne et le Royaume-Uni parmi les plus gros contributeurs. Cette réalité alimente l’idée que les décisions doivent dépasser les frontières nationales.

Mais l’autre enseignement marquant des enquêtes YouGov et EuroTrack est plus inattendu : bien que les pays riches soient responsables de près des deux tiers des émissions historiques, moins d’un citoyen européen sur cinq pense qu’ils devraient assumer seuls la responsabilité de l’action climatique.

L'UE comme capitaine ou comme copilote ?

Les divergences se précisent ici. Et elles rappellent que la politique climatique reste profondément humaine. En Espagne, au Danemark et en Allemagne, une majorité exprime clairement le souhait que les décisions climatiques soient prises par l’Union européenne pour l’ensemble de ses membres. L’idée d’un cap commun, d’une cohérence stratégique, y apparaît comme une évidence.

Qui devrait décider des politiques climatiques en Europe ? Bleu : l’Union européenne au nom de tous ses États membres. Rouge : chaque gouvernement national, indépendamment de l’UE. @ YouGov
Qui devrait décider des politiques climatiques en Europe ? Bleu : l’Union européenne au nom de tous ses États membres. Rouge : chaque gouvernement national, indépendamment de l’UE. @ YouGov

En France et en Italie, les opinions se fracturent davantage. Beaucoup souhaitent que chaque gouvernement garde la main, comme si la proximité avec les institutions nationales offrait davantage de contrôle, ou davantage de confiance. Les études révèlent d’ailleurs une constante : quand il s’agit d’éducation, de santé, de fiscalité ou de travail, tous les pays, sans exception, préfèrent une gouvernance nationale. Mais dès que l’on parle de climat, la question reste ouverte, presque intime.

Le verdict ?

Les Européens ne s’accordent pas sur l’échelle idéale de décision, mais ils sont unanimes sur l’essentiel : ils veulent des politiques climatiques efficaces, ambitieuses et compréhensibles. Ils veulent un cap clair.

Les chiffres montrent clairement que le climat n’attend pas. Entre gouvernance européenne et souveraineté nationale, le débat reste ouvert, mais l’urgence d’agir rassemble déjà les citoyens autour d’une même volonté.

Références de l'article

Trindade Pereira, I., & Yilmaz, M. C. (2025, 18 novembre). Quel est le point de vue des citoyens européens sur le changement climatique ? Euronews.

YouGov. (2025). EuroTrack : Quelles décisions devraient relever de l’Union européenne et lesquelles des gouvernements nationaux ?

Ministère de la Transition écologique. (2025, 22 novembre). COP30 climat : un accord a minima.