Fracture sociale : quelles sont les populations les plus concernées par les inondations et les sécheresses en France ?
Appartenant toutes les deux à la classe des "catastrophes naturelles", les inondations et les sécheresses ne touchent pas les mêmes catégories de Français. Selon une récente étude, il existe une véritable "fracture sociale".

Nous ne sommes pas égaux sur le front du risque d'inondations et de sécheresse : selon une étude menée par la Fabrique de la Cité, laboratoire d'idées du groupe Vinci, les dégâts issus de ces catastrophes naturelles ne touchent pas les mêmes catégories de populations en France. Il existerait une véritable "fracture sociale" : de quoi parle-t-on ?
L'inégalité face aux sinistres
Dans cette étude, menée notamment par son principal auteur, Charles Joannard, on apprend que le risque d'inondation en France concerne plutôt des "communes caractérisées par des prix immobiliers élevés et une plus forte concentration de cadres et professions intellectuelles supérieures".
CARTE. Inondations : que se passerait-il dans votre quartier en cas de crue exceptionnelle en Ile-de-France ? https://t.co/IyEzvsgf1o pic.twitter.com/VfGo8BZoeQ
— GlobalFloodSystem (@GlobalFloodNews) January 24, 2018
Ce risque concerne également une part importante de "résidences secondaires souvent situées dans des zones attractives mais à risque, certainement en raison de leur proximité avec un cours d'eau ou le front de mer". On l'aura compris, ce sont en majorité les Français favorisés qui sont plus à risque de subir des dégâts importants à la suite d'inondations.
En revanche, le phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA), processus naturel de mouvements de terrain causé par des successions de sécheresses puis de fortes pluies sur des sols argileux (ce qui fragilise les habitations), concerne "majoritairement les espaces périurbains".
Dans ces zones vulnérables, les Français les plus touchés sont à l'inverse plutôt des "employés" ou des "professions intermédiaires, souvent propriétaires de pavillons individuels dont les fondations sont plus sensibles à ce phénomène".
Une prise en charge assurantielle bien différente
Cette étude, baptisée "Assurer l'adaptation, adapter l'assurance", précise également que les Français les moins riches, les moins favorisés, et victimes du retrait-gonflement des argiles, doivent faire face, si ce n'était pas encore suffisant, d'une prise en charge par les assurances "beaucoup plus difficile que les victimes d'inondation".
#cashinvestigation. En France, 1 maison sur 2 est exposée au risque retrait-gonflement des argiles. Les conséquences ? Des habitations qui se fissurent et finissent même par seffondrer. Vous voulez savoir si vous êtes concernés ? La carte, cest par ici https://t.co/tTGFlfpfAv pic.twitter.com/DndvIdPQwl
— CASH INVESTIGATION (@cashinvestigati) September 15, 2022
Un véritable scandale, en pleine période où l'on s'interroge sur les inégalités fiscales et sociales entre plus fortunés et moins fortunés. Le coût de la prise en charge d'un sinistre lié aux inondations est d'ailleurs deux fois moindre que celui d'un sinistre lié au retrait-gonflement des argiles, d'après l'étude. Les assureurs ont donc opportunément choisi leur camp !
C'est grâce à l'exploitation de données provenant notamment de l'Insee et de la Caisse centrale de réassurance (CCR, l'assurance des assureurs) que cette analyse socio-économique a été possible.
Elle n'est pas parfaite, comme le concède son auteur, en estimant qu'elle aurait été plus précise avec une échelle plus fine que celle des communes. Mais elle est essentielle, à un moment où inondations et sécheresses deviennent plus intenses et plus fréquentes en raison du réchauffement climatique.
Références de l'article :
La Fabrique de la Cité. Assurer l'adaptation, adapter l'assurance : les territoires face aux catastrophes naturelles.