Forêt de Brocéliande, Nord de la France : pourquoi ces territoires deviennent désormais vulnérables aux incendies ?
Le risque d'incendie ne concerne plus uniquement le Sud de la France. Le Nord du pays est désormais de plus en plus vulnérable face à ce fléau. Comment l'expliquer, alors que 120 hectares ont brûlé cette semaine en Bretagne ?

Le risque d'incendie se renforce sur la moitié Nord de la France, preuve en est le terrible feu ayant ravagé 120 hectares dans la mythique forêt de Brocéliande, en Bretagne, cette semaine. Le principal responsable de cette extension géographique des territoires vulnérables aux feux est le réchauffement climatique : mais quels sont les facteurs de risque qui entrent en jeu ?
Des écosystèmes asséchés par la chaleur
120 hectares de végétation consumés ce jeudi 17 juillet dans la forêt de Brocéliande, en Ille-et-Vilaine. En août 2022, environ 400 hectares de cette même forêt étaient déjà partis en fumée. Pendant cet été terrible, dans le Jura, un millier d'hectares avaient brûlé en une semaine, et 90 départements avaient été touchés par au moins un incendie, presque la totalité de la France.
La forêt de Brocéliande brûle. Comment en est-on arrivé là ? Quelles conditions météorologiques ont permis ce désastre ?
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) July 17, 2025
1 Rennes en est déjà à son 16e jour à plus de 30°C en 2025, alors que la norme annuelle nest que de 9 jours. Depuis un mois et demi, les températures sont pic.twitter.com/X4ZAaGGjND
Selon l'ingénieur agronome et docteur en agroclimatologie Serge Zaka, des conditions météorologiques très particulières ont permis ces feux cette semaine en Bretagne. D'abord la chaleur : Rennes a déjà connu 16 jours à plus de 30°C en 2025, contre 9 jours pour la moyenne annuelle normale. Depuis le 1er juin, la Bretagne a connu un climat digne de la région Nouvelle-Aquitaine.
Cette chaleur inédite pour un début d'été, couplée à des vents et à l'absence de précipitations, a profondément asséché les écosystèmes. Selon lui, "l'évapotranspiration, accentuée par des épisodes de vents de terre, a vidé les sols de leur humidité". Des conditions propices aux départs de feu, 9 fois sur 10 déclenchés par les activités humaines.
Et le réchauffement climatique accentue le risque d'incendie, en prolongeant la sécheresse, en allongeant et en intensifiant les vagues de chaleur. Probabilité, intensité et vitesse de propagation des feux sont augmentées. L'été, certaines forêts du Nord de la France (Brocéliande, Fontainebleau, Sologne) connaissent désormais un risque d'incendie comparable à celui des régions du Sud-Est.
Un risque d'incendie doublé d'ici 2050
En-dehors de la saison estivale, les hivers plus chauds permettront à certains insectes, champignons et parasites de continuer à attaquer la végétation, alors qu'ils étaient auparavant détruits par les gelées. Une fois morte, la végétation forme une matière organique agissant comme combustible pour les incendies, d'après Météo-France.
Le feu dans la forêt de Brocéliande "est un exemple concret du changement climatique", affirme ce responsable à l'Office national des forêts pic.twitter.com/hHmemsHIDd
— BFMTV (@BFMTV) July 18, 2025
Avec une hausse des températures de 2°C en 2050 par rapport à l'ère préindustrielle, le nombre de jours avec un risque élevé d'incendie sera multiplié par deux en moyenne. En Bretagne, où on recense en moyenne à ce jour 0 à 2 jours avec un risque élevé d'incendie, ce chiffre pourrait osciller entre 10 et 20 jours en 2050 !
Et en 2100, avec une augmentation du mercure de 4°C, c'est tout le pays qui devra faire face à un risque élevé de feu de forêt, la moitié Nord de la France dans les mêmes proportions que les régions méditerranéennes aujourd'hui. Une stratégie nationale semble nécessaire pour se doter des moyens de lutte adéquats dans les territoires sous-équipés : encore faut-il l'argent… et le courage politique !
Références de l'article :
Ministère de la Transition Écologique. Feux de forêt : à quoi s'attendre et comment s'adapter ?