Des températures inférieures aux normales de saison en France : comment expliquer ce coup de frais pourtant classique ?
Après un début d'été historiquement chaud, la France connaît depuis le lundi 21 juillet une série de jours avec des températures inférieures aux normales de saison. Est-ce remarquable ou classique ? Comment expliquer ce coup de frais ?

Nous vous avons montré récemment que cet été 2025 était loin d'être pourri en France, preuve en est la température moyenne record enregistrée sur la première partie de la saison estivale, du 1er juin au 14 juillet. Mais il y a un fait indéniable : depuis le lundi 21 juillet, une série de jours avec des températures en-dessous des normales de saison a débuté. Pourquoi ce changement soudain ?
Goutte froide et flux de Nord-Ouest
Ce dimanche 27 juillet est déjà le 7e jour consécutif en-dessous des normales de saison à l'échelle de tout le pays, une série que nous n'avions pas connue depuis début mars. Si cela dure encore dans les prochains jours, alors jamais depuis fin janvier 2025 nous n'aurions connu une série aussi longue en-dessous des normales, comme une goutte de fraîcheur dans un océan de réchauffement.
Après une première moitié d'été très chaude, cette dernière décade de juillet renoue avec la fraîcheur en France. "Pour une fois", les températures repassent sous les moyennes de saison !
— Anthony Grillon (@AnthoGrillon) July 23, 2025
Cela masque une réalité, la période du 1er/06 au 22/07 est aussi chaude que 2003... pic.twitter.com/blxJrXQSHr
Cela devient maintenant une habitude : des températures légèrement plus fraîches que la normale deviennent un événement, alors que des températures 3 à 4°C au-dessus des normes deviennent un classique dans ce nouveau climat. La particularité de ce léger coup de frais (nous ne sommes que 2 à 4°C en moyenne sous les normales ce dimanche), c'est qu'il contraste avec le début de l'été.
Après un blocage en "Omega", un dôme de chaleur, des conditions anticycloniques et des flux de Sud à Sud-Ouest à gogo, nous avons changé de circulation atmosphérique. Nous sommes désormais soumis à de fortes ondulations du courant-jet, ce courant de haute altitude qui matérialise la limite entre air chaud et air froid, que prennent les avions pour aller plus vite.
Actuellement, celui-ci plonge nettement vers le Sud-Ouest de l'Europe, ce qui entraîne une descente d'air frais sur la côte atlantique, et remonte brutalement vers l'Europe du Sud-Est, soumise à une forte canicule (en Grèce, en Serbie et sur le Sud de l'Italie notamment). Résultat, notre pays est sous l'influence d'un flux de Nord-Ouest anticyclonique et frais, dans lequel se glissent des gouttes froides.
Du déjà vu l'été, mais nos repères ont changé
Pour rappel, voici ce que nous devrions avoir en termes de températures l'après-midi à la fin du mois de juillet : 21°C à Cherbourg, 22°C à Brest, 24°C à Caen, 25°C à Lille, La Rochelle, Limoges et Rennes, 26°C à Nantes, 27°C à Paris, Nancy, Dijon et Strasbourg, 28°C à Bordeaux et Clermont-Ferrand, 29°C à Toulouse et Lyon, 30°C à Nîmes et Bastia, 31°C à Marseille et Montpellier.
Le #ShiftingBaseline montre que ce quon appelait un été "normal" (23-26°C, nuits fraîches) semble aujourdhui "froid", "pourri" à cause de la chaleur récurrente. En fait, la vraie anomalie, cétait la vague de chaleur de juin-juillet, pas la fraîcheur actuelle. #Climat #Météo pic.twitter.com/BnEs12bGKl
— Aigle (@Aigle_e) July 25, 2025
Les températures actuelles, qui semblent à certains particulièrement fraîches, car 2 à 4°C en-dessous des normales, sont en fait des valeurs qui étaient encore il y a 30 ou 40 ans totalement normales en été. Mais nous avons perdu nos repères, avec la multiplication des sécheresses, des vagues de chaleur et des canicules : dans notre esprit, été rime désormais avec ciel bleu et 30°C partout.
Quant à l'humidité, celle-ci est liée aux gouttes froides qui traversent la France, provoquant instabilité, pluies et orages. Ce phénomène, habituellement classique en hiver comme en été, est désormais suspecté de provoquer des précipitations plus intenses à cause du réchauffement climatique : avec 1°C de réchauffement, le potentiel pluvieux augmente de 7%, et même de 14% sous les orages.
Et puisque visiblement notre mémoire météo nous joue des tours, il est utile de se rappeler de véritables mois d'été frais et humides : en juillet 2021, après plusieurs gouttes froides successives, le Nord-Est de la France connaissait des inondations catastrophiques ; en juillet 2000, la moitié Nord de la France rallumait le chauffage avec des températures atteignant péniblement 15 à 19°C...