D'ici Noël, la France aura-t-elle enfin un cap clair pour sa politique énergétique et climatique ?

À quelques jours de Noël, la France hésite encore sur sa feuille de route énergétique. Entre urgence climatique, tensions politiques et attentes industrielles, le pays saura-t-il enfin se donner une orientation précise et crédible ?

Un parc éolien et solaire au cœur de champs verdoyants près de la mer.
Un parc éolien et solaire au cœur de champs verdoyants près de la mer.

Depuis des mois, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), ce document stratégique qui fixe les priorités françaises sur le nucléaire, les renouvelables et le climat pour dix ans, est bloquée. Conflits politiques, débats idéologiques et pressions parlementaires ont retardé un texte pourtant central. Le gouvernement promet désormais une décision avant Noël.

Reste à savoir si cela se fera par décret ou par vote parlementaire…Cette hésitation nourrit l’incertitude d’un secteur énergétique déjà fragilisé.

Pour les acteurs des énergies renouvelables, l’attente devient critique. Faute de visibilité, les investissements ralentissent et plusieurs appels d’offres sont à l’arrêt. Le débat s’est cristallisé autour d’une proposition de moratoire portée par l’extrême droite. Le Premier ministre Sébastien Lecornu a toutefois été clair devant le Parlement :

Il n’y aura aucun moratoire sur les énergies renouvelables.

Une déclaration forte, qui rassure partiellement une filière en quête de stabilité, mais qui ne remplace pas une stratégie inscrite dans la loi.

L’électricité, clé climatique et économique du futur français

Au-delà des joutes politiques, les chiffres rappellent l’urgence d’agir. Aujourd’hui, les énergies fossiles représentent encore 60 % de la consommation énergétique française. Il faut descendre à 30–35 % d’ici 2035 par une électrification massive des transports, de l’industrie et des bâtiments. Un choix logique pour un pays dont l’électricité est déjà décarbonée à 95 %, grâce au nucléaire et aux renouvelables.

Selon RTE, le gestionnaire du réseau électrique, la France dispose d’un atout presque unique en Europe : une électricité abondante, peu carbonée et compétitive. Pourtant, le pays accuse un retard. La demande progresse moins vite que prévu, entraînant une surcapacité électrique jusqu’en 2027–2028. Paradoxalement, cette situation révèle surtout un manque de cohérence politique : produire propre ne suffit pas, encore faut-il consommer autrement.

Un choix de société, entre climat et souveraineté

Les scénarios dressés par RTE laissent peu de place au doute. Dans une trajectoire de décarbonation « lente », la France n’atteint pas ses objectifs climatiques et poursuit son décrochage industriel. À l’inverse, une décarbonation « rapide » permettrait à la fois la neutralité carbone et la réindustrialisation verte. En jeu : 64 milliards d’euros d’importations d’hydrocarbures chaque année, et jusqu’à 120 milliards lors des crises énergétiques. Autant d’argent qui pourrait être réinvesti dans l’économie française.

Cette transition suppose des choix courageux. RTE recense déjà 30 GW de projets prêts à être raccordés, hydrogène, data centers, industries, capables d’absorber l’excédent électrique actuel. Mais sans PPE claire, ces projets restent suspendus. La consultation annoncée par le Premier ministre, après les débats budgétaires, sera décisive.

À l’approche de Noël, la PPE peut encore devenir ce cadeau collectif : une vision claire, scientifiquement fondée, capable de réconcilier climat, économie et justice sociale.

Références de l'article

Crellin, F. (2025, 9 décembre). Decision on French energy planning bill expected by Christmas. Reuters.

Laurent, G. (2025, 13 décembre). Pourquoi la France pourrait bientôt être forcée de choisir l’électricité pour ne plus dépendre du pétrole ? Lenergeek.