Cyclone Garance à La Réunion : un territoire "défiguré" ! En quoi ce phénomène a-t-il été exceptionnel ?

Au lendemain de la levée de l'alerte rouge cyclonique à La Réunion, Garance laisse derrière elle un paysage "défiguré" selon le préfet de l'île. Outre le bilan humain et matériel encore provisoire, comment caractériser ce cyclone météorologiquement parlant ?

Dégâts cyclone Garance La Réunion
Les dégâts matériels sont impressionnants sur l'île de La Réunion après le passage du cyclone Garance. Photo capture d'écran X @tiger97441.

L'alerte rouge cyclonique est levée depuis 24h à La Réunion après le passage de Garance, dont l'œil a traversé l'île du Nord au Sud. Alors que le bilan humain est toujours provisoire et les dégâts matériels considérables, le préfet évoque un paysage "défiguré" : les rafales de vent et les pluies ont-elles vraiment été exceptionnelles ? Retour sur ce cyclone remarquable.

Au moins 4 morts, routes et ponts coupés

Désormais à plus de 1000 km des côtes réunionnaises, Garance n'est désormais plus qu'une tempête tropicale, ne menace plus l'île et devrait même perdre ses caractéristiques tropicales d'ici à ce dimanche soir.

Toutefois, après son passage, le bilan humain est lourd, comparable au cyclone Belal de l'an dernier, avec 4 personnes décédées : une femme emportée par les eaux à Saint-Denis, un homme tué dans un incendie électrique dans la même commune, une femme ensevelie par une coulée de boue à Trois Bassins, et un homme mort coincé sous un arbre, encore à Saint-Denis, chef-lieu de l'île.

Alors que près de 1000 personnes étaient encore rassemblées dans des centres d'hébergement hier, 160.000 habitants restaient privés d'électricité, 310.000 privés d'eau potable, 139.000 privés de réseau internet, sur une population totale d'un peu moins de 900.000 habitants. Beaucoup de routes et de ponts sont endommagés, parfois coupés, emportés ou inondés.

Les travaux de remise en état s'annoncent titanesques : à Saint-Gilles-les-Bains, ville côtière, la ravine est sortie de son lit, submergeant la route et la faisant s'effondrer, les lignes électriques étant même déterrées par les flots. On ne compte plus les rues dévastées par des torrents d'eau dévalant les pentes, avec à la clé habitations envahies par la boue et voitures retournées.

Un cyclone plus violent que Belal et localement record

Lorsque l'œil de Garance a touché le Nord de l'île de La Réunion vendredi, la chute de la pression atmosphérique a été spectaculaire, perdant plus de 20 hPa en une heure seulement ! Les rafales de vent enregistrées ont été inédites depuis 1981, avec par exemple 214 km/h relevés à l'aéroport de Saint-Denis, battant le précédent record de 191 km/h du 19 janvier 1993 au passage du cyclone Colina.

Toutefois, on peut estimer que le vent avait soufflé bien plus fort au passage du cyclone Jenny le 28 février 1962. On notera aussi la valeur remarquable de 234 km/h enregistrée au Gros Piton Sainte-Rose, égalant le record du 11 février 1994 lors du passage du cyclone Hollanda. Des valeurs supérieures à Belal, cyclone passé sur l'île l'an dernier, dont les rafales avaient atteint 170 km/h à Saint-Denis.

En termes de précipitations en revanche, les cumuls sont moins impressionnants que Belal, avec en moyenne 300 mm de pluie tombés sur le littoral, et plus de 600 mm sur le relief : 643,6 mm sur la plaine des Chicots, 602,2 mm à Commerson (dont 186 en une heure), 301,6 mm à Grande-Chaloupe, l'équivalent d'un à deux mois de pluie, ce qui a évidemment provoqué des crues.

Plus brutal et plus violent que Belal, Garance fera donc partie des cyclones les plus intenses à avoir frappé La Réunion, sans doute depuis une soixantaine d'années. Le passage de l'œil d'un tel système est notamment assez rare dans l'histoire de l'île. Estimés à plus de 100 millions d'euros, les dégâts liés au précédent cyclone, Belal, seront peut-être encore plus importants avec Garance.