Coupe du monde 2030 au Maroc : comment Rabat se transforme pour attirer les touristes ?
En 2022, elle était la capitale culturelle de l'Afrique. En 2030, Rabat sera ville hôte de la Coupe du monde du football et compte bien profiter de ce coup de projecteur pour devenir une destination touristique à part entière alliant patrimoine, nature, art de vivre et innovation.
« Salé la blanche et Rabat la rouge s’épient sévèrement de chaque côté de la barre écumeuse de Bou-Regreg, chacune entourée de remparts, surmontée de toits en terrasse et de minarets. » C'est par ces mots que la romancière Edith Wharton, qui découvre le Maroc pour la première fois, décrit la capitale en 1917. Elle est invitée par Lyautey, résident général de la République française. Rabat n’est capitale que depuis 1912. D’un côté, Salé l'européenne, prospère et ensommeillée et de l’autre, Rabat et sa trépidante médina, dont les portes se ferment après la dernière prière et emprisonnent légendes et sortilèges.
Aujourd'hui, Rabat abrite le plus grand théâtre d'Afrique, le théâtre Mohammed-V, infrastructure géante à l'allure futuriste de Zaha Hadid, en mesure d’accueillir 1800 spectateurs pour une superficie de 26 000 mètres carrés. Ce symbole du renouveau de Rabat est construit proche de la tour Hassan, l'emblème patrimonial de la ville. C'est l'unique vestige d'une mosquée du XIIe siècle restée inachevée. Le calife almohade Yacoub al-Mansour s’établit à Rabat au XIIe siècle : l’ancienne cité antique et nécropole royale lui paraît digne de sa puissance, après l’écrasante victoire à Alarcos contre les armées du roi de Castille Alphonse VIII, qui lui valut son surnom de « Victorieux ».
Une ville de fontaines et de jardins
Il bâtit la grande muraille, la casbah des Oudayas, et rêve de la plus imposante mosquée du monde connu. Mais il meurt trois ans plus tard, en 1199 : Rabat aura englouti sa fortune et sa santé. De l’édifice religieux ne subsistent que la tour minaret Hassan, sœur de la Giralda de Séville et de la Koutoubia de Marrakech. Le souverain laisse à ses successeurs une ville de fontaines et de jardins, grâce à un savant système d’induction (captage par gravité), qui s’en va quérir l’eau à 25 kilomètres.
A Rabat, le promeneur trouve refuge au cœur d’un jardin andalou, à peine troublé par le chant d’une fontaine. Hors des murailles, de larges avenues, une ville trouée de verdure, sous un ciel traversé de cigognes. Rabat respire à pleins poumons. Dans la culture marocaine, l’équilibre entre le soleil, l’eau et l’ombre contribue à l’apaisement des âmes. Candélabres, façades, voiries : de grands chantiers de mise à niveau sont entrepris à l’aube des années 2000, lors de l’accession de Mohammed VI sur le trône. Avec ses 515 000 habitants, Rabat est le miroir au fond duquel se regarde le royaume.
Une scène culturelle et artistique vivante
Le patrimoine historique, lui, se convertit en lieu vivant. Ainsi naît en 2006 la Fondation Hiba au carrefour des cinémas (pas moins de cinq !), tout à la fois salle d’art et d’essai (Le Renaissance), café (La Scène accueille concerts de rock ou événements littéraires) et tiers-lieu (Hiba Lab), ouverts aux peintres, danseurs ou graffeurs, bref, un incubateur d’énergies créatrices. Bientôt, Rabat verra naître le Musée national de l’archéologie et des sciences de la terre, 2,7 hectares avec vue sur le Bouregreg et la Cité des cultures africaines, qui sera reliée au musée Mohammed-VI d’art moderne et contemporain par un tunnel ! Rabat est à la fois terre d’histoire et le cœur battant du Maroc.
Afin d'accueillir au mieux la coupe du monde de football en 2030, la ville se métamorphose. Avec d'abord, une transformation profonde des infrastructures. L'extension de la ligne à grande vitesse jusqu'à Marrakech et le lancement d'un réseau express régional sont en cours. L'aéroport international de Rabat-Salé va tripler sa capacité en passant de 1,5 à 4 millions de passagers d'ici 2030. Cette transformation permettra de doubler les arrivées internationales poste-frontière, faisant de Rabat un hub touristique international. Le réseau de tramway sera amélioré et la mobilité douce encouragée.
Une offre d'hébergement et de restauration à renforcer
Côté hébergement, la région Rabat-Salé-Kénitra dispose actuellement de 12 000 lits touristiques, avec une offre très diversifiée : hôtels de luxe, hôtel 3 ou 4 étoiles avec un très bon rapport qualité/prix, appart'hôtels, maisons d'hôtes et dans l'arrière-pays, gîtes ruraux, fermes d'hôtes et villages vacances. Les autorités locales ont lis en place un plan de développement touristique intégré pour renforcer la capacité d'hébergement et diversifier l'offre de restauration.
A l'aube de 2030, Rabat se positionne comme un ville culturelle premium, durable et connectée, à la croisée des influences arabes, andalouses et africaines avec plus de 20 sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco et une scène artistique vivante.
Références
L'avenir de Rabat à l'aube de la Coupe du Monde 2030, Zaïnab Aboulfaraj, 10 juin 2025