Climat : les 1% plus riches polluent autant que les deux-tiers des plus pauvres

D'après une récente étude, les personnes les plus riches du monde polluent autant voir plus qu'une part importante des personnes les plus pauvres, une inégalité qu'il convient de réguler pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique.

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Le train de vie des personnes les plus riches est une des principales sources des rejets des inégalités en terme de pollution, tout comme leurs investissements

Selon un rapport publié récemment par Oxfam France les 1% les plus riches du monde émettent autant de CO2 que les deux tiers les plus pauvres de l’humanité. Une inégalité de plus en plus présente dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Une inégalité marquée

Ce rapport, publié le 20 novembre dernier par l'ONG Owfam France et s'appuyant sur les travaux de l'Institut de l'Environnement de Stockholm est sans appel, les inégalités en matière de pollution atmosphérique sont de plus en plus marquées dans le monde entier en fonction des revenus. Ainsi, ce rapport émet plusieurs constats importants.

Tout d'abord, il met en avant que les 10% des ménages les plus riches de la planète sont responsables de la moitié des émissions mondiales de CO2, autrement dit, 770 millions de personnes polluent autant que près de 7 milliards d'être humains, ce qui est énorme !

De plus, 1% des plus riches (soit 77 millions de personnes) ont émis à eux seuls deux fois plus de carbone que la moitié la plus pauvre de l'humanité sur les 30 dernières années mais également plus de CO2 que les deux tiers les plus pauvres, soit 5 milliards de personnes.

Enfin, ce rapport note aussi que les 10% des français les plus riches n’émettent rien que par leur consommation deux fois plus de CO2 qu'un français moyen et sont responsables à eux seuls d'un quart des émissions de la France entière. Par exemple, Bernard Arnault, le PDG français du groupe de luxe LVMH et français le plus riche, a une empreinte carbone 1 270 fois supérieure à celle d'un français moyen.

Un décalage qui s'explique d'une part par le train de vie des ménages les plus aisés, qui consomment plus avec des voitures ou des logements plus énergivores mais également qui utilisent plus souvent qu'un français moyen des moyens de déplacements très polluants tel que l'avion. Il est toutefois important de noter que ce décalage est aussi lié à l'orientation financière du patrimoine des personnes les plus fortunées. Leurs investissements financiers pèsent pour plus de la moitié de leur empreinte carbone totale, notamment via leurs capitaux dans des entreprises émettant d'importantes quantités de CO2 (énergie fossiles, aéronautique, entreprises de construction,...).

Que faire pour lutter contre cet écart ?

Pour cette étude, le seuil de revenu annuel pour faire partie des 1% les plus riches a été ajusté par pays en fonction de la parité de pouvoir d'achat. Ce seuil varie donc grandement en fonction des régions. Par exemple, le seuil est de 140 000 dollars aux États-Unis mais d'environ 40 000 dollars au Kenya.

Dans tous les cas, cela n'enlève en rien à l'inégalité particulièrement marquée de ces chiffres et au besoin de réfléchir à des solutions pour que celle-ci soit de moins en moins importante et même disparaisse dans un futur plus ou moins proche.

Ce rapport a donc proposé plusieurs solutions pour réduire cet écart, notamment l’instauration d'une « fiscalité climatique ». L'idée derrière celle-ci serait de faire peser davantage le poids de la transition écologique sur les personnes émettant le plus de polluants de part leurs activités ou simplement leur train de vie. Par exemple, il serait intéressant d'établir une taxe sur les billets d'avion au-delà d'un certain nombre de trajets par an ou de mettre en place un impôt sur la fortune qui se baserait sur l'impact sur le climat des capitaux investis.

Nous pensons qu'à moins que les gouvernements n'adoptent une politique climatique progressiste, où les personnes qui émettent le plus sont invitées à faire les plus grands sacrifices, nous n'obtiendrons jamais de bonnes politiques dans ce domaine", a estimé Max Lawson, coauteur du rapport de l'Oxfam.

L'argent obtenu via ces différentes taxes permettrait de financer des investissements dans les transports en commun durables, la rénovation énergétique ou encore les énergies renouvelables, en d'autres termes des « investissements verts ». Ce point avait d'ailleurs déjà été soulevé par le GIEC qui avait mis en avant la nécessité de réorienter massivement les flux financiers mondiaux vers des investissements verts, bien moins nocifs pour le climat mondial.

Selon ce même groupe d'experts du climat, il faudrait que ces investissements verts soient supérieurs de 3 à 6 fois à ceux observés aujourd'hui si nous voulions limiter le réchauffement climatique à +1,5 ou +2°C d'ici la fin du siècle mais ce changement est encore bien loin d'être accepté par de nombreux dirigeants. Pourtant, l'égalité climatique est un paramètre particulièrement important dans la lutte contre le changement climatique car les conséquences de celui-ci n'impactent pas forcément les 1% les plus polluants, mais surtout les 99% restants.

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