Sable saharien en Europe : contient-il des particules radioactives ?

Ciel jaune, voitures couvertes de sable... Le sirocco a encore soufflé cette année, transportant le sable saharien sur l'ouest de l'Europe. En 2021, des prélèvements avaient révélé la trace de Césium-137 dans la poussières qui s'était déposée sur les pare-brise. Sommes-nous en danger ?

Poussière radioactive Sahara en France
L'année dernière, les résultats des relevés de poussières sahariennes avaient montré des traces de Césium-137...


Depuis mardi matin, un impressionnant nuage de sable en provenance du Sahara a envahi le ciel de l'Europe de l'ouest. Transportée par le sirocco - un vent saharien violent, sec et chaud soufflant sur l'Afrique du Nord - cette poussière a voilé le ciel et recouvert les pare-brise d'une fine pellicule de sable du Portugal au Bénélux, en passant par l'Espagne, la France et même la Suisse !

Le dernier épisode remonte à début février 2021 et avait surtout touché le sud de la France. Ce n'est donc pas un phénomène isolé mais il n'est pas sans danger pour autant. Car ce nuage de sable, qui parcourt près de 3000 km, contient de la poussière, tout un tas de polluants dans l'air et notamment.... des particules radioactives !

Des traces de Césium-137 retrouvées dans la poussière saharienne

Le 6 février 2021, l'Acro (Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest) avait prélevé du sable récupéré sur les voitures en Normandie. En mars 2021, l'IRSN (l'Institut de recherche sur la sûreté nucléaire) confirmait que les niveaux de Césium-137 dans l'air étaient "supérieures d'un facteur 1,2 à 11 par rapport à la moyenne des activités mesurées en février 2019 et 2020".

Le coupable ? La France ! En effet, cette radioactivité dans les particules de poussières sahariennes est principalement liée aux 4 essais nucléaires effectués dans la région du Sahara par la France dans les années 60.

"Comme tous les sols de l’hémisphère nord, ceux du Sahara sont marqués par les retombées issues de l’ensemble des essais nucléaires atmosphériques effectués dans les années 1960. Ces retombées globales proviennent de plusieurs centaines d’essais atmosphériques réalisés par l’URSS (219 tirs), les États-Unis (219 tirs), la Chine (22 tirs), la France (50 tirs dont quatre au Sahara et 46 en Polynésie française) et le Royaume-Uni (23 tirs)", rappelle l’IRSN.

Sommes-nous en danger ?

En réalité, les particules retrouvées au passage de ce nuage de sable ont une radioactivité très faible par rapport à la radioactivité déjà présente dans l'environnement, qu'elle soit d'origine naturelle ou liée aux différents essais nucléaires.

L'IRSN rappelle que dans certaines régions de France les concentrations de Césium-137 au niveau du sol vont "de plusieurs centaines à plusieurs milliers de Bq/m² liées aux retombées [en France] des essais nucléaires atmosphériques et de l'accident de Tchernobyl".

Alors que les prélèvements de poussières sahariennes de 2021 étaient "de l'ordre de 0,1 Bq/m²". Avec une concentration aussi faible, l'IRSN se veut rassurante et jugeait "négligeable" les conséquences de cette pluie de sable.

Les retombées de l'épisode de mars 2022 étant un peu plus importantes que l'année dernière, il faudra patienter encore une semaine pour obtenir les résultats des relevés effectués dernièrement pour savoir s'il y a danger ou non pour notre santé...

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