Biodiversité : quels sont ces pollinisateurs méconnus qui disparaissent en silence des zones urbaines ?

43% des pollinisateurs seraient sur le déclin à cause de l'urbanisation, selon une nouvelle étude britannique. Et si l'on connait les ravages causés sur la population des abeilles, elles sont loin d'être les seuls insectes pollinisateurs à souffrir dans nos villes. On vous explique pourquoi !

Le syrphe marmelade, commun en Europe et reconnaissable à son abdomen rayé, menacé par l'urbanisation.
Le syrphe marmelade, commun en Europe et reconnaissable à son abdomen rayé, menacé par l'urbanisation.

Dans des jardins de Sheffield, Leeds et Leicester en Angleterre, une équipe de chercheurs a échantillonné des espèces de pollinisateurs dans divers environnements urbains, des centres-villes aux zones plus périurbaines. Elle a constaté une baisse de l'abondance et de la richesse des espèces jusqu'à 43 % dans les jardins familiaux situés en zones plus urbanisées.

Des insectes pollinisateurs méconnus du grand public

Les insectes pollinisateurs sont essentiels à la reproduction de 60 à 90 % des espèces de fleurs sauvages dans le monde et sont considérés comme essentiels pour 35 % des espèces cultivées. La préservation de la diversité des espèces pollinisatrices est essentielle pour garantir une pollinisation résiliente, notamment compte tenu des perturbations dues à l'activité humaine.

Parmi les insectes affectés et en déclin, on compte les abeilles et les guêpes, les mouches, les syrphes, les papillons et les papillons de nuit. Leur disparition à un rythme alarmant fait craindre un déséquilibre d'autant plus grave pour les écosystèmes terrestres qui ne peuvent se perpétuer sans la présence de ces insectes pollinisateurs, tout aussi importants que les abeilles.

« L'échelle de la menace pour de nombreux pollinisateurs restent assez floue due a une majorité d'études conduites sur les abeilles. Pourtant, les papillons de nuit et les syrphes sont tout aussi importants pour nos écosystèmes, et les résultats montrent qu'ils seraient particulièrement vulnérables dans le paysage urbain. »

Si chaque espèce a ses propres exigences en termes d'habitat, les chercheurs expliquent tout de même ce déclin par des raisons plus globales telles que la réduction de la conopée des arbres et des habitats semi-naturels que l'on trouve dans les villes.

Le papillon de nuit a besoin de la canopée des arbres et des arbustes pour vivre.
Le papillon de nuit a besoin de la canopée des arbres et des arbustes pour vivre.

Les chercheurs de l'étude appellent donc à une approche plus élargie, en incluant plus fréquemment les autres groupes de pollinisateurs lors de prochaines études sur l'impact des changements environnementaux sur la biodiversité.

Comme le souligne Jill Edmondson qui a dirigé la recherche : « notre étude démontre l'importance des espaces urbains semi-naturels pour les insectes dont nous dépendons, pas seulement pour embellir nos jardins, mais pour soutenir les systèmes agricoles du monde entier. »

Références de l'article :

Géo, Dans l'ombre des abeilles, des pollinisateurs méconnus disparaissent de nos villes en silence

University of Sheffield, Urbanisation linked to a 43 per cent drop in pollinating insects

Revue The Royal Society Publishing, Drivers of nocturnal and diurnal pollinating insect declines in urban landscapes