Bientôt la fin de la publicité lumineuse dans les gares et les aéroports ?

Non concernés au départ par l'extinction obligatoire des publicités lumineuses entre 1h et 6h du matin, les exploitants d'aéroports, de stations de métro et de gares se sont engagés à éteindre ces écrans dès la fin de l'année, mais... seulement quand ces lieux seront fermés au public !

Gare de Lyon Paris hall écrans pub lumineux
Les écrans publicitaires lumineux dans les gares (comme ici, gare de Lyon, à Paris) pourraient s'éteindre dès la fin de l'année, mais seulement pendant les horaires de fermeture au public...

"Eteins la lumière" : les exploitants de gares, stations de métro et aéroports français se sont enfin mis d'accord avec l'Etat pour lutter contre la pollution lumineuse, dangereuse pour la santé, en s'engageant à éteindre les écrans publicitaires lumineux d'ici la fin de l'année. Un engagement bien particulier et presque ironique, puisque cette extinction ne concerne que les moments où ces lieux seront fermés au public (chacun s'étonnera de savoir qu'ils restaient allumés...). Un premier pas, minime, vers la réduction de la consommation d'énergie.

La solution ? Des interrupteurs...

Aéroports, gares et stations de métro n'étaient en effet pas concernés par le décret publié en octobre dernier et harmonisant les règles d'extinction des écrans publicitaires lumineux sur tout le territoire. Ceux-ci devront, dès le 1er juin 2023, rester éteints de 1h à 6h du matin, des horaires pendant lesquels ces lieux sont parfois ouverts. Les exploitants de ces hubs de transports se sont donc engagés, ce lundi 27 mars, à éteindre ou mettre en veille ces écrans numériques lorsqu'ils sont fermés au public, une mesure applicable avant le 1er janvier 2024, pour réduire la consommation d'électricité dans ces lieux très énergivores.

Des plages horaires plus restrictives (le métro parisien fermant par exemple ses portes peu après 2h du matin le week-end), mais une mesure essentielle qui prête à sourire quand on pense au fait que ces écrans restaient allumés la nuit même en l'absence de public... "Il faut équiper de nombreux écrans d'un dispositif de mise en veille ou d'extinction", a sobrement expliqué le ministre des Transports Clément Beaune : concrètement, il s'agit d'installer... des interrupteurs ! Incroyable que personne n'y ait pensé avant...

La SNCF, Aéroports de Paris, entre autres, ont donc signé une "charte d'engagement" avec les régies publicitaires, sous l'œil du gouvernement, pour participer aux efforts de "sobriété énergétique" demandés par l'Etat. La SNCF s'engage ainsi à réduire de 71% la consommation électrique de ses écrans publicitaires lumineux en 2031, et à baisser de 45% les émissions de CO2 liées à ces installations. Il s'agit bien d'engagements, ni mesures de contrôle ni mesures de coercition ne sont prévues...

1400 écrans dans les transports parisiens

L'Ademe avait déjà alerté en 2020 sur la consommation excessive d'électricité de ces dispositifs lumineux : les 1400 écrans publicitaires présents dans les transports parisiens (métro et gares) consomment "autant d'électricité en un an que 21 écoles de 10 classes". Selon l'agence, en découlent des émissions de CO2 annuelles représentant "autant que les émissions dues à l'utilisation du métro parisien par 20 millions de passagers".

Sur le plan politique, la députée Delphine Batho (Génération écologie) a déposé une proposition de loi à l'Assemblée nationale pour interdire toute forme de publicité numérique et lumineuse dans l'espace public. Une idée déjà rejetée par Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique, qui préfère "l'incitation" à la "coercition". Le gouvernement souhaite amplifier les efforts dans d'autres secteurs et plancherait plutôt sur des mesures telles que l'application de l'interdiction de la climatisation en cas de température inférieure à 26°C (une mesure déjà dans la loi), l'électrification des poids lourds, ou encore l'incitation à rouler à 110 km/h sur les autoroutes.

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