Alerte : ces lézards utilisés dans la médecine traditionnelle andine sont désormais menacés !

Utilisés de génération en génération pour soigner la douleur, notamment musculaire, le jararanko est désormais une espèce en danger dans la Cordillère des Andes. Quelles sont ses vertus médicinales supposées, et comment éviter sa disparition ?

Lézard saurien Andes
Liolaemus forsteri, appelé jararanko, est une petite espèce de saurien, un lézard qu'on ne trouve que sur le Chacaltaya, dans la Cordillère des Andes (photo d'illustration).

Dans la Cordillère des Andes, sur le Chacaltaya, une montagne de Bolivie, vit un saurien, une espèce de petit lézard, du nom de jararanko (nom officiel : liolaemus forsteri). Depuis plusieurs générations, les guérisseurs andins le sacrifient pour soigner certaines blessures. Cette pratique menace toutefois désormais la survie de l'espèce...

Des cataplasmes et des onguents

Les jararankos, qu'on reconnaît à leur couleur olivâtre, vivent dans leurs terriers, dans des zones humides et souvent enneigées, entre les jaillissements des sources naturelles qui remontent des entrailles de la Terre. D'une longueur d'environ 15 centimètres, ils aiment généralement se prélasser au soleil sur des rochers, et c'est là qu'ils se font tuer par les guérisseurs, d'un coup de bâton.

Ces guérisseurs traditionnels, comme par exemple ceux du peuple des Aymaras, peuvent tuer les lézards en toute légalité, tant qu'il s'agit de les utiliser dans la médecine traditionnelle, à des fins de subsistance, lorsque les malades sont loin de toute pharmacie ou de médicaments. Ce qu'on appelle la zoothérapie se transmet de génération en génération depuis l'époque précolombienne.

Quelles sont ses vertus supposées ? Les guérisseurs commencent d'abord par broyer la dépouille du reptile dans un moulin à meule de pierre, avant de la mélanger à des herbes sauvages ou plantes comme de l'arnica. Ils obtiennent alors un cataplasme, voire un onguent : ils sont destinés à soigner les douleurs musculaires, les blessures de type fractures, fêlures ou hématomes...

Du trafic, et une espèce en danger !

Le problème, c'est qu'en plus de son utilisation dans la médecine traditionnelle, ce lézard voit aussi son habitat se réduire, à cause de l'exploitation minière et de l'artificialisation des terres. Par ailleurs, de plus en plus d'étrangers s'aventurent dans la zone pour aller prélever des jararankos. Ils les transportent dans des bidons pour ensuite les revendre sur les marchés : un trafic lucratif interdit.

C'est pour cela que cette espèce est désormais considérée comme en danger par l'Union internationale pour la Conservation de la nature. A terme, il pourrait bientôt ne plus y avoir de lézards jararankos dans les Andes... D'ailleurs, là où le braconnage est avéré, la population de jararankos a déjà commencé à diminuer, certains chercheurs appelant dès maintenant à une prise de conscience de leur valeur dans l'écosystème andin.

Enfin, notons tout de même que les vertus médicinales du jararanko restent controversées. Certains biologistes boliviens estiment que ces lézards risquent d'exposer leurs utilisateurs à des agents infectieux susceptibles de causer la salmonellose. D'ailleurs, aucune étude scientifique n'a prouvé ses capacités curatives supposées. Cette pratique peut constituer, en plus de la menace pour l'espèce, une menace de santé publique pour ces peuples.

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