Vous avez du mal à décrire vos émotions ? Peut-être que l’alexithymie fait partie de votre quotidien
Vous avez du mal à décrire et/ou à comprendre vos émotions ? Vous êtes peut-être victime d’alexithymie. Un mal méconnu, mais plus répandu que l’on ne le pense. Selon les scientifiques, il s’agit de la difficulté à exprimer et expliquer ce que l’on ressent.

Ressentir. Tout le monde ressent, mais ce n’est pas toujours évident de mettre des mots sur une émotion. C’est un mal réel, méconnu, avec lequel plusieurs personnes doivent gérer le quotidien. Ce mal, c’est l’alexithymie. C’est le psychiatre Peter Sifneos, né en Grèce et mort aux Etats-Unis, qui a popularisé ce terme. Ce dernier décrit la difficulté à expliquer et à gérer ses émotions personnelles.
Tristesse, colère, peur… Impossible pour eux de faire la différence
Les chiffres montrent qu’environ 17 à 23 % de la population serait sujette à l’alexithymie, selon les instruments de mesure utilisés (les échelles de Toronto). Le pédopsychiatre et psychanalyste Maurice Corcos a même écrit un livre sur le sujet, “Qu'est-ce que l'alexithymie ?”. Selon lui, c’est quelque chose de récent. « Ce trouble est symptomatique d’une société qui sacrifie l’expression des émotions à des stéréotypes. »
Des pistes pour comprendre et traiter l’alexithymie
D’ailleurs, souvent, les personnes souffrant d’alexithymie ressentent des émotions négatives. Alors, les enfouir et ne pas y penser peut paraître une solution adéquate. Le psychanalyste ajoute que les émotions peuvent être douloureuses, « d’autant plus si ce trouble est la conséquence d’un traumatisme. Le vide se fait à l’intérieur du sujet pour le protéger des émotions qui pourraient réactiver l’événement douloureux. »
Des recherches ont été effectuées pour comprendre ce mal. Les résultats montrent que cette condition est liée directement au fonctionnement cérébral et à la zone de traitement des émotions. On retrouve ainsi le cortex préfrontal et l’insula antérieure. Grâce à des données de neuroimagerie, les scientifiques ont expliqué que le lien était faible entre ces zones, ce qui pourrait expliquer leur difficulté.

La psychothérapeute et médecin Catherine Aimelet-Périssol appuie les propos de ses confrères. « Faute d’opérer une distinction entre l’extérieur (l’événement) et l’intérieur (la sensation), nommer la douleur revient à réveiller le souvenir. Le mécanisme de défense s’impose automatiquement. » Pour tenter de comprendre dans un premier temps et d’expliquer dans un deuxième temps, elle propose d’utiliser un lexique à émotions. « L’émotion est d’abord inscrite dans le corps avant de donner lieu à une représentation mentale, donc “verbalisable”. Mais il existe des lexiques de mots qui racontent nos états d’âme : cherchez ceux qui vous inspirent, sans essayer d’expliquer votre choix. “Lire” l’émotion débute par des termes comme “oppressé”, “abattu” du côté de la peur ou de la tristesse ; “excité”, “bouillonnant” du côté de la colère », conseille-t-elle.
En plus de cela, la méditation et/ou l’hypnose peuvent également aider à mieux verbaliser, comme propose le psychologue Olivier Luminet. « Les approches psychocorporelles sont d’une grande efficacité : la relaxation détend le corps et favorise les ressentis agréables ; l’hypnose peut aider le sujet à comprendre ce qu’il éprouve pour mieux l’exprimer, via un état modifié de conscience. »
Références de l’article :
Lʹalexithymie: la difficulté à identifier, différencier et exprimer ses émotions
L’alexithymie : pourquoi certaines personnes ne comprennent pas leurs émotions