Le chiffre de l'année : 1,48°C ! Nous sommes à 0,02 pas du seuil critique de l'Accord de Paris !

Les résultats récents publiés par le Copernicus Climate Change (C3S) soulignent que nous sommes à seulement 0,02°C du seuil fixé par l'Accord de Paris pour éviter des conséquences climatiques catastrophiques.

L'année 2023 a dépassé de 1,48°C les niveaux préindustriels de 1850-1900, se rapprochant dangereusement du seuil critique fixé par l'Accord de Paris
L'année 2023 a dépassé de 1,48°C les niveaux préindustriels de 1850-1900, se rapprochant dangereusement du seuil critique fixé par l'Accord de Paris.

Notre planète Terre est au bord de l'abîme climatique, les températures mondiales ont atteint des sommets sans précédent, dépassant de loin les prévisions les plus pessimistes, selon les données alarmantes de 2023 publiées par C3S, le mardi 09 janvier 2024.

Températures mondiales : un pas critique franchi

Il n'est plus question de surprise, le rapport du C3S indique que la moyenne mondiale de température en 2023 a atteint 14,98°C, dépassant de 0,17°C le record précédent de 2016 (14,81°C). l'année 2023 restera gravée dans les annales.

Anomalie de la température de surface pour l'année 2023.
Anomalie de la température de surface pour l'année 2023.

Plus inquiétant encore, cette année a dépassé de 1,48°C les niveaux préindustriels de 1850-1900, se rapprochant dangereusement du seuil fixé par l'Accord de Paris. Le seuil de 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels, établi par l'Accord semble sur le point d'être franchi dès janvier ou février 2024. Les experts avertissent que l'année 2023 est le témoin d'une rupture sans précédent avec le climat qui a façonné notre civilisation.

Océan en ébullition

Les températures de surface des océans restent élevées, atteignant des niveaux records d'avril à décembre 2023. Le phénomène El Niño a joué un rôle crucial, toutefois les experts insistent sur le rôle des gaz à effet de serre, qui continuent d'augmenter de façon inquiétante. En effet, la transition vers El Niño en 2023 a marqué la fin de La Niña au printemps, avec le début officiel déclaré par l'OMM en juillet.

Contributions des terres et des océans aux anomalies mondiales de la température de l'air en surface.
Contributions des terres et des océans aux anomalies mondiales de la température de l'air en surface.

Ces changements ont déclenché des températures de surface de la mer élevées dans plusieurs bassins océaniques, en particulier l'Atlantique Nord, contribuant ainsi de manière substantielle aux températures mondiales records. Cette chaleur océanique extrême constitue une menace grave pour les écosystèmes marins.

Les températures de surface de la mer étaient étroitement liées à des vagues de chaleur marine à l'échelle mondiale, affectant des régions telles que la Méditerranée, le golfe de Mexique, les Caraïbes, l'Océan Indien, le Pacifique Nord et une grande partie de l'Atlantique Nord. Ces manifestations illustrent l'ampleur des changements climatiques qui se produisent dans nos océans.

Des températures au-dessus des moyennes en Europe

L'Europe, bien qu'étant la deuxième région la plus touchée après l'Arctique, n'est pas épargnée. En 2023, le continent européen a fait face à des conditions climatiques remarquables. Même si l'année précédente a été légèrement plus fraîche que l'année record de 2020, avec une moyenne de 1,02°C au-dessus de la normale de 1991-2020, elle confirme une tendance alarmante vers un climat de plus en plus chaud. Des températures bien au-dessus des moyennes ont été enregistrées pendant 11 mois consécutifs, témoignant d'une chaleur persistante. Septembre 2023 marque le mois de septembre le plus chaud jamais enregistré.

Augmentation de la température journalière mondiale au-dessus du niveau préindustriel (1850-1900) en 2023.
Augmentation de la température journalière mondiale au-dessus du niveau préindustriel (1850-1900) en 2023.

Les hivers et étés européens se classent respectivement comme le deuxième et le cinquième plus chauds, mettant en évidence la persistance des conditions climatiques anormalement élevées. Les changements rapides dans le climat de la région, soulignent des conditions climatiques exceptionnelles. En été, la moyenne des températures européennes de juin à août a atteint 19,63°C, dépassant de 0,83°C la moyenne.

De même, l'automne européen de septembre à novembre, a présenté une température moyenne de 10,96°C, dépassant la moyenne de 1,43°C ; ce qui lui a permis de se glisser au deuxième rang des saisons d'automne les plus chaudes jamais enregistrées. Les scientifiques soulignent que ces changements sont bien au-delà de tout ce que l'humanité a connu au cours des derniers millénaires.

Dérèglement climatique global

De même, les régions polaires connaissent des changements notables. En particulier, l'Antarctique a observé une situation inédite, caractérisée par une réduction record de la surface de la glace de mer, qui est restée exceptionnellement faible sur une période de huit mois au cours de l'année, avec un point le plus bas jamais enregistré en février 2023. Simultanément, dans l'hémisphère nord, l'Arctique a également connu des extrêmes, et a vu ses niveaux minimaux de glace de mer atteindre des niveaux inquiétants en mars et septembre.

En parallèle, les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre ont atteint des sommets sans précédent en 2023, avec des augmentations rapides : le CO2 est à 419 ppm, tandis que le méthane à 1902 ppb. Ces indicateurs mettent en évidence une escalade préoccupante des facteurs contribuant au changement climatique.

2023 a également été marquée par une série d'évènements climatiques extrêmes à l'échelle mondiale, comprenant des vagues de chaleur, des inondations, des sécheresses et des incendies de forêt. Les émissions de carbone dues à ces dernières ont augmenté de 30% par rapport à 2022, principalement en raison des incendies persistants au Canada.

Réactions des experts

Mauro Facchini, responsable de l'observation de la Terre à la Direction Générale de l'industrie de la défense et de l'espace de la Commission européenne, exprime sa préoccupation face aux résultats du programme C3S pour l'année 2023. Il souligne l'ampleur croissante de l'impact du changement climatique, mettant en évidence le défi pressant d'une réduction des émissions de 55% d'ici 2030, conformément aux engagements de l'Union Européenne. Facchini considère le programme Copernicus comme un outil essentiel pour guider les actions climatiques, s'aligner sur les objectifs de l'Accord de Paris et accélérer la transition vers une économie plus verte.

Samantha Burgess, directrice adjointe du C3S, qualifie l'année 2023 d'exceptionnelle, avec des records climatiques qui tombent "comme des dominos". Elle souligne non seulement que 2023 est l'année la plus chaude jamais enregistrée, mais c'est aussi la première année où chaque jour a dépassé de plus de 1°C la période préindustrielle. Burgess insiste sur le fait que les températures de 2023 dépassent probablement celles de toute période d'au moins les 100 000 dernières années, soulignant ainsi l'urgence et l'ampleur du défi climatique mondial.

Carlo Buontempo, directeur de C3S, renforce cet appel à l'action en soulignant que les extrêmes observés récemment témoignent du décalage dramatique par rapport au climat qui a façonné notre civilisation. Il exhorte à la décarbonisation urgente de l'économie en s'appuyant sur les données climatiques pour mieux anticiper l'avenir.

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