Le chant des baleines bleues impacté par le dérèglement climatique selon une étude scientifique

Le chant des baleines se raréfie au rythme des vagues de chaleur marines, un indicateur clef, selon les scientifiques, pour mieux comprendre la santé des écosystèmes océaniques.

Le chant des baleines bleues perturbé par le dérèglement climatique.
Le chant des baleines bleues perturbé par le dérèglement climatique.

Sous la surface des océans, le chant majestueux des baleines fluctue au rythme des vagues de chaleurs marines répétées. C’est ce que révèle une étude du Monterey Bay Aquarium Research Institute (MBARI), menée entre 2015 et 2021 dans le Pacifique Nord et les eaux néo-zélandaises.

Pendant ces six années, un hydrophone posé au fond de l'océan a permis aux chercheurs d’analyser les vocalises de plusieurs espèces de baleines : les baleines bleues, le rorqual commun et les baleines à bosse. L’objectif ? Mieux décoder le rythme de la vie sous-marine, détecter des déséquilibres et surveiller l’impact de l'activité humaine et du dérèglement climatique sur le comportement des espèces marines.

La disparition du krill, alimentation indispensable de la baleine bleue

Les vagues de chaleur marines entre 2015 et 2021ont provoqué la quasi disparition du krill, principale source d’alimentation des baleines bleues. Ces dernières, contrairement aux autres espèces étudiées, ne peuvent varier leur alimentation et dépendent du krill pour survivre.

Le krill, principale source de nourriture des baleines, se raréfie au rythme des vagues de chaleur marine.
Le krill, principale source de nourriture des baleines, se raréfie au rythme des vagues de chaleur marine.

En 2013, une vague de chaleur marine anormalement étendue dans le Pacifique, de l'Alaska au Mexique, surnommée « The Blob », a eu un grave impact sur la population de krill. « Tout l'écosystème est bouleversé, et le krill disparait. Donc les animaux qui en dépendent se retrouvent sans rien », explique Kelly Benoit-Bird, également membre de l'étude du MBARI. C'est le cas des baleines bleues.

« Ce n’est qu’une fois l'hydrophone branché que j’ai réalisé à quel point ce monde de sonorités peut nous aider à comprendre l’impact humain, la nature, et l'équilibre entre les deux », confie John Ryan, chercheur océanographe, membre de l'étude du MBARI.

Alors que ces dernières évoluent dans un environnement modifié par le changement climatique et le bruit de l'activité maritime, leur voix est un indicateur vital de la santé des océans.

Une diminution du chant des baleines de 40%

Avec la raréfaction des proies, les baleines bleues sont contraintes à passer plus de temps à la recherche de nourriture. Conséquence de ce déséquilibre ? Elles cherchent à s'économiser et consacrent moins de temps à chanter. C'est ce qui explique une chute de 40% des vocalisent de ces mammifères marins.

Comme le résume l'océanographe John Ryan, « si vous regardez de plus près, cela revient à essayer de chanter alors que vous mourrez de faim. Tout leur temps était consacré à chercher de la nourriture. »

Références de l'article :

National Geographic, Blue whales are going eerily silent—and scientists say it’s a warning sign

Science et Vie, Les baleines bleues deviennent étrangement silencieuses, et ce n'est pas bon signe selon les chercheurs

Plos One, Audible changes in marine trophic ecology: Baleen whale song tracks foraging conditions in the eastern North Pacific