Est-ce-que nos mers montent ? La technologie spatiale a les réponses !

Nos océans jouent les héros en absorbant plus de 90% de la chaleur générée par nos émissions persistantes de gaz à effet de serre. Mais ce rôle protecteur se paye : découvrez comment les satellites nous éclairent sur les conséquences redoutées.

Le paysage urbain de Miami depuis la chaussée Rickenbacker donnant l'impression que le niveau de la mer a monté.
Le paysage urbain de Miami depuis la chaussée Rickenbacker donnant l'impression que le niveau de la mer a monté.

Depuis 1880, le niveau moyen de la mer a augmenté d'environ 23 cm, et de 7,5 cm au cours des 25 dernières années. La montée inexorable des eaux constitue l'un des défis les plus impérieux du changement climatique. Examinons comment la technologie moderne nous permet d'observer ses moindres fluctuations.

Causes et conséquences

La montée du niveau de la mer est alimentée par trois principaux facteurs liés étroitement au dérèglement climatique :

  • La dilatation thermique : lorsque l'eau des océans se réchauffe, ses molécules se mettent à bouger plus rapidement, ce qui entraîne une expansion de son volume.
  • La disparition des calottes glaciaires : les calottes glaciaires comme celles qui recouvrent le Groenland et l'Antarctique, sont de vastes étendues de glace permanente qui reposent sur des terres émergées. Lorsqu'elles fondent, elles libèrent d'énormes quantités d'eau qui se déversent directement dans les océans.
  • La fonte des glaciers : les glaciers, qui sont de gigantesques masses de glace situées sur terre, fondent à cause de la hausse de la température. Lorsque les glaciers fondent, l'eau qui en résulte s'écoule dans les océans, ajoutant ainsi du volume à l'eau de mer.

Cette élévation aura des répercussions dévastatrices, notamment l'érosion des côtes, l'inondation, la contamination saline des nappes phréatiques, et la perte d'habitat pour la faune et la flore. Les conséquences sont dramatiques pour les populations côtières, en particulier aux petits Etats insulaires. Aux USA, d'après les projections, les inondations devraient devenir dix fois plus fréquentes d'ici 2050.

Les arpenteurs de l'invisible

Pour sonder les profondeurs de cette énigme marine, les scientifiques se tournent vers des outils d'une sophistication sans pareille : les satellites altimétriques. Depuis 1993, ces sentinelles célestes mènent des missions dédiées, tracées minutieusement pour surveiller l'évolution du niveau moyen global de la mer.

Ces missions, souvent désignées comme des "missions de référence", ont gravé leur orbite stable dans les cieux, garantissant ainsi une collecte de données rigoureuse et cohérente. Les phases d'étalonnage méticuleuses et le contrôle de qualité draconien des données assurent des mesures précises et fiables de l'élévation des eaux océaniques.

Les chiffres sont impressionnants !

Les données recueillies par ces satellites ne laissent place à aucun doute : le niveau moyen global de la mer s'élève à un rythme moyen de 3,6 millimètres par an. Cette estimation, tirée de l'analyse des données satellitaires, tient compte d'une multitude de facteurs, y compris les ajustements pour le rebond postglaciaire. Cependant, ce qui confère une robustesse accrue à ces conclusions, c'est la rigueur avec laquelle les incertitudes associées aux mesures altimétriques sont prises en compte.

Cette approche minutieuse permet de brosser un tableau précis de l'évolution des mers, avec une précision étonnante de 0,3 mm/an à un niveau de confiance de 90%. En d'autres termes, il y a 90% de certitude que les mesures effectuées soient précises à ce niveau-là. Cela donne aux scientifiques une grande confiance dans les données recueillies, ce qui est essentiel pour comprendre l'ampleur et la vitesse du changement climatique.

3,6 mm/an, ce n'est pas rien !

Lorsque nous disons que le niveau moyen global de la mer augmente de 3,6 millimètres chaque année, cela signifie que la surface de nos océans monte en moyenne de cette quantité annuellement. Bien que cela puisse sembler minuscule, à long terme, cette augmentation peut s'accumuler, atteignant des conséquences significatives. Par exemple, sur 50 ans, cette élévation annuelle représente une hausse totale d'environ 18 centimètres.

De plus, cette augmentation du niveau de la mer n'est pas uniforme à travers le monde, ce qui rend la surveillance de son évolution d'autant plus déterminante. Pour donner une idée de l'ampleur de cette élévation, faisons un petit calcul :

Augmentation du niveau de la mer moyen (1993-2023). @CNES
Augmentation du niveau moyen de la mer (1993-2023). @CNES
  • la surface totale des océans de la Terre est d'environ à 361,9 millions de kilomètres carrés.
  • si le niveau moyen global de la mer augmente de 3,6 millimètres par an, nous pouvons estimer la quantité totale d'eau supplémentaire en multipliant cette élévation par la surface des océans.
  • nous obtenons un résultat approximatif de 1,30 million de kilomètres cubes d'eau supplémentaire chaque année, soit l'équivalent de plus de 65 millions de camions citernes de 20 mètres cubes remplis d'eau ajoutés aux océans annuellement.

Cap sur l'avenir

Comprendre les rythmes et les schémas de la montée des eaux revêt une importance capitale pour nous préparer à affronter les défis du changement climatique . En anticipant ces changements, nous pouvons élaborer et déployer des stratégies d'adaptation et d'atténuation efficaces.

Cela inclut la protection des zones côtières exposées et vulnérables, la gestion judicieuse des ressources en eau douce et la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre pour contenir l'ampleur des futures mutations.

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